From: couchot Date: Thu, 17 Oct 2013 07:15:18 +0000 (+0200) Subject: ajout relbin13 X-Git-Url: https://bilbo.iut-bm.univ-fcomte.fr/and/gitweb/cours-maths-dis.git/commitdiff_plain/9e8caf4626344cf94900afd0d3d93dec4fd5a11a ajout relbin13 --- diff --git a/ensembles/relbin13.tex b/ensembles/relbin13.tex new file mode 100755 index 0000000..69a401b --- /dev/null +++ b/ensembles/relbin13.tex @@ -0,0 +1,1214 @@ +\section{Relations} +On se donne deux ensembles $E$ et $F$. + +\begin{Def}[Relation binaire, graphe] +On dit que: + \begin{itemize} +\item l'on a défini une \emph{relation binaire} \index{relation binaire} ${\mathcal{R}}$ entre ces deux ensembles lorsque l'on s'est donné une partie $G$ de l'ensemble produit $E\times F$ ($G\sse E\times F$). +\item Cette partie est appelée \emph{graphe} \index{graphe} de la relation binaire. +\item Si $x (\in E)$ et $y (\in F)$ sont tels que $(x,y)\in G$, on dit que $x$ est \emph{en relation avec} $y$ par la relation ${\mathcal{R}}$. + \end{itemize} +\end{Def} + + +Pour formaliser cette proposition, on utilise la notation +$x {\mathcal{R}} y$ comme suit: + +\begin{Notation} +$$x {\mathcal{R}} y \Ssi \quad\hbox{[\og x est en relation avec y\fg{} ]}\Ssi +(x,y)\in G\quad\hbox{[$G$: graphe de la relation ${\mathcal{R}}$]}.$$ +\end{Notation} + +\begin{Exo} +On se place dans l'ensemble $E = \{1,2,3,\hdots,20\}$. + +Représenter, dans le plan rapporté à deux axes de coordonnées rectangulaires, les graphes des relations binaires sur $E$ dont les définitions suivent: +\begin{itemize} +\item $x \mathcal{R} y \Longleftrightarrow x \leqslant y$. +\item $x \mathcal{R} y \Longleftrightarrow x | y$: $x$ divise $y$. +\item $x \mathcal{R} y \Longleftrightarrow x \equiv y[3]$: $x$ est congru à $y$ modulo 3. +\item $x \mathcal{R} y \Longleftrightarrow y = x^2$. +\end{itemize} +\end{Exo} + + + + +\begin{Rem} +Lorsque $E=F$, on parle de relation binaire définie dans l'ensemble $E$. +Son graphe est une partie de $E^2$. +\end{Rem} + +\begin{Rem} +Il est possible que $x \mathcal{R} y$ sans que $y \mathcal{R} x$. +\end{Rem} + + +\begin{Exo} +A-t-on $y \mathcal{R} x$ quand $x \mathcal{R} y$, dans les relations binaires définies dans l'exercice précédent ? +\end{Exo} + +\begin{Exo} +Sur l'ensemble des mots de la langue française, on définit la relation: \og le mot M est lié au mot N s'ils coïncident quand on écrit M à l'envers \fg{}. + +Déterminer quelques couples de mots en relation, ainsi que des mots en relation avec eux-mêmes. Comment appelle-t-on de tels mots ? +\end{Exo} + + +\begin{Exoc} +Sur l'ensemble $\Z$ des entiers relatifs, on définit deux relations, notées respectivement $\Sigma$ et $\Delta$, de la façon suivante: +\begin{itemize} + \item $x \Sigma y$ quand la somme $x+y$ est paire +\item $x \Delta y$ quand la différence $x-y$ est paire +\end{itemize} +Sont-elles égales ? + +\noindent\textit{\underline{Réponse: }} $x \Sigma y \Leftrightarrow \exists k \in \Z, x+y = 2k \Leftrightarrow \exists k \in \Z, x+y-2y = 2k-2y = 2(k-y).$ + +Donc $x \Sigma y \Leftrightarrow \exists k' \in \Z, x-y = 2k' \Leftrightarrow x \Delta y.$ +\end{Exoc} + +\section{Application d'un ensemble dans un autre} + +\subsection{Application et relation fonctionnelle} + + +\begin{Def}[Application] +Une \emph{application}\index{application} de l'ensemble $E$ dans l'ensemble $F$ est une relation binaire particulière ${\mathcal{R}}$ entre $E$ et $F$, dont le graphe $G$ doit posséder les propriétés suivantes: + +\begin{itemize} + \item pour tout élément $x$ de $E$, il doit exister un élément $y$ de $F$ tel que $(x,y)$ soit élément de $G$; + \item cet élément $y$ doit être unique. +\end{itemize} +\end{Def} + + + +\noindent Voici la formalisation (partielle) de ces propositions: + +\begin{itemize} +\item $\qqs x\in E,\ \exi y\in F,\ (x,y)\in G$ +\item $\qqs x\in E,\ \qqs y\in F,\ \qqs y'\in F, [(x,y)\in G\ {\rm et}\ (x,y')\in G \Longrightarrow y=y']$. +\end{itemize} + +\medskip + +Il existe un intermédiaire entre relation et application \ldots + +\begin{Def}[Relation fonctionnelle] +On parle de \emph{relation fonctionnelle}\index{relation!fonctionnelle} quand tout élément de l'ensemble de départ possède au plus une image. +\end{Def} + +\begin{Rem} +Une application est donc une relation fonctionnelle particulière : tout élément de l'ensemble de départ possède exactement une image. +\end{Rem} + + +\begin{Exo} +Parmi les relations suivantes de $\mathbb{R}$ vers $\mathbb{R}$, repérez les relations fonctionnelles, repérez les applications: +\begin{enumerate} +\item $\mathcal{R} = \{ (x,y) \in \mathbb{R}^2, |y| = \sqrt{x} \}$ +\item $\mathcal{R} = \{ (x,y) \in \mathbb{R}^2, xy = 1 \}$ +\item $\mathcal{R} = \{ (x,y) \in \mathbb{R}^2, y-x+2 = 0 \}$ +\end{enumerate} +\end{Exo} + +%\noindent\textit{\underline{Réponse:}} Les deux dernières sont des relations fonctionnelles, et la dernière est la seule application. + +\subsection{Image et antécédent d'un élément} + + +On suppose dorénavant que $\mathcal{R}$ est une application. Pour un $x$ donné de $E$, il lui correspond un et un seul $y$ de $F$ qui est en relation avec lui par ${\mathcal{R}}$. + +\begin{Def} +Cet unique $y$ est alors appelé \emph{image}\index{image} de $x$ par l'application définie par ${\mathcal{R}}$. +\end{Def} + +\begin{Notation} +Si l'on désigne par $f$ cette application, l'expression \og $y$ est l'image de $x$ par $f$\fg{} est formalisée par $y=f(x)$. +De plus, on formalise la proposition \og $f$ est une application de $E$ dans $F$\fg{} par $f: E\vers F$. La proposition \og $y$ est l'image de $x$ par $f$\fg{} peut aussi être traduite par: $f: x \fc y$. +\end{Notation} + + + +\begin{Exo} + Interpréter chacune des situations suivantes au moyen d'une application. Pour cela, on définira deux ensembles $A$ et $B$ ainsi que $f: A\vers B$. Préciser dans chaque cas pourquoi il s'agit bien d'une application. + +\begin{enumerate} +\item Le registre d'un hôtel qui possède 55 chambres. +\item Le numéro d'INSEE. +\item La parité d'un entier naturel. +\end{enumerate} + +\end{Exo} + + +Réciproquement, soit $f$ une application\ldots + +\begin{Def}[Antécédent] +Si $y$ est l'image de $x$ par $f$, alors $x$ est appelé un \emph{antécédent} \index{antécédent} de $y$ par $f$. +\end{Def} + +Un quelconque élément $y$ de $F$ ne possède pas forcément d'antécédant par une application $f : E \longrightarrow F$. Et il n'y a pas forcément unicité quand il en possède : un $y$ de $F$ peut avoir plusieurs antécédants par une application $f$. + +Les cas particuliers où tout $y$ de $F$ possède au plus un antécédant, et au moins un antécédant, sont étudiés dans les deux sections suivantes. + +\subsection{Applications injectives} + + + +\begin{Def}[Injectivité] +L'application $f:E \longrightarrow F$ est dite \emph{injective} \index{application!injective} quand tout $y \in F$ possède au plus un antécédant par $f$. +\end{Def} + + +\begin{Rem} +Le terme injection\index{injection} est synonyme d'\og application injective\fg{}. +\end{Rem} + +L'injectivité d'une application peut se caractériser de la manière suivante. + +\begin{Th}[Caractérisation des fonctions injectives] +$$\hbox{\og $f:E \longrightarrow F$ est une application injective\fg{} } \Longleftrightarrow [ \forall x,x' \in E, f(x)=f(x') \Imp x=x' ]$$ +\end{Th} + +\begin{Exo} +Prouver, en utilisant la caractérisation ci-dessus, que les applications suivantes sont injectives : +\begin{enumerate} +\item $f : \R \longrightarrow \R, x \fc 2x+3$. +\item $f : \mathbb{R}^+ \longrightarrow \R, x \fc 3 x^2 +1$. +\end{enumerate} +\end{Exo} + + +\begin{Exo} +Prouver, en utilisant la caractérisation ci-dessus, que les applications suivantes ne sont pas injectives : +\begin{enumerate} +\item $f : \R \longrightarrow \R, x \fc |x|$. +\item $f : \R \longrightarrow \R, x \fc x^2$. +\end{enumerate} +\end{Exo} + + +\begin{Exo} +Tracez le graphe d'une application qui est injective, et d'une application qui ne l'est pas. Trouver une caractérisation de l'injectivité d'une application $f :E \longrightarrow F$, à partir du nombre d'intersections entre la courbe $\mathcal{C}_f$ et les droites verticales $y=b, b\in F$. +\end{Exo} + + +\begin{Exo} +Soit $f:E \longrightarrow F$ une application injective. Peut-elle perdre ce caractère injectif si on réduit l'ensemble d'arrivée ? Et si l'on réduit l'ensemble de départ ? + +Que se passe-t-il si l'on change «réduit» en «augmente» dans les précédentes questions ? +\end{Exo} + + +\begin{Exo} +On suppose $g o f$ injective. Montrer que $f$ est injective. Est-ce que $g$ est obligatoirement injective ? +\end{Exo} + + +\subsection{Applications surjectives} + +La définition d'une application $f$ exige seulement que chaque élément $x$ de $E$ admette une image (unique) $y$ dans $F$, mais pas que tout élément $y$ de $F$ admette un antécédent dans $E$. +S'il en est néanmoins ainsi, l'application est dite \emph{surjective}: +\begin{Def} + Une application \emph{surjective}\index{application!surjective} $f: E\vers F$ est une application telle que tout $y$ de $F$ admette un antécédent dans $E$. +\end{Def} + +\begin{Rem} +\emph{Surjection} est synonyme d'\og application surjective\fg{}. \index{surjection} +\end{Rem} + + +\begin{Exo} +Tracez le graphe d'une application qui est surjective, et d'une application qui ne l'est pas. +\end{Exo} + +\begin{Exo} +Donnez des exemples (sous forme analytique) de fonctions surjectives, et de fonction qui ne le sont pas. +\end{Exo} + +\subsection{Image d'un ensemble par une application} + +D'une manière générale, on peut considérer l'ensemble des images des éléments de $E$ par une application $f$ de $E$ dans $F$ (ils en ont tous une, et une seule). + +\begin{Def}[Image d'un ensemble par une application] +Cet ensemble, qui est évidemment une partie de $F$, est noté $f$, et est appelé \emph{image de $E$ par $f$}: $$f=\{f(x)\in F \mid x\in E\}$$ +\end{Def} + + +\begin{Rem} +Si tous les éléments de $F$ ont un antécédent dans $E$ ($f$ est surjective), cela signifie que tout élément de $F$ est élément de $f$, donc que $F\sse f$. Comme on a remarqué par ailleurs que $f\sse F$, on a, dans ce cas, $f=F$. +\end{Rem} + + + +Cette dernière remarque permet la formalisation suivante: + +\begin{Th}[Caractérisation de la surjectivité] +$$\hbox{\og $f$ est (une application) surjective\fg{} } \Ssi f=F$$ +\end{Th} + + +\begin{Ex} +Soit l'application \og élévation au carré \fg{} $f: x \longmapsto x^2$ de $\R$ dans $\R$. Elle est: +\begin{itemize} +\item non surjective: $f < \R > = \R^+$, +\item non injective: $f(-2) = f(2) = 4$. +\end{itemize} +\end{Ex} + +\begin{Exo} +On suppose $g o f$ surjective. Montrer que $g$ est surjective. Est-ce que $f$ est obligatoirement surjective ? +\end{Exo} + +\subsection{Applications bijectives} + + +\begin{Def}[Applications bijectives] +Une application qui est à la fois injective et surjective est dite \emph{bijective} \index{application!bijective}. +\end{Def} + + +\begin{Rem} +Synonyme d'\og application bijective\fg{}: bijection\index{bijection}. +\end{Rem} + +\begin{Exo} +Dans chaque cas, dire si l'application $f:A \vers B$ est injective, surjective ou bijective. + +\begin{enumerate} +\item $A = \R, B = \R, f(x) = x+7$ +\item $A = \R, B = \R, f(x) = x^2+2x-3$ +\item $A = \{ x \in \R | 4 \leqslant x \leqslant 9 \}, B = \{ x \in \R | 21 \leqslant x \leqslant 96 \}, f(x) = x^2+2x-3$ +\item $A = \R, B = \R, f(x) = 3x-2|x|$ +\item $A = \R, B = \R, f(x) = e^x+1$ +\item $A = \N, B = \N, f(x) = x(x+1)$ +\end{enumerate} +\end{Exo} + + +\begin{Th} +Dans le cas d'une bijection, à chaque élément $x$ de $E$ correspond un et un seul élément $y$ de $F$ (définition d'une application) et, réciproquement, à chaque (surjectivité) élément $y$ de $F$ correspond un et un seul (injectivité) élément $x$ de $E$. +\end{Th} + + +Cette dernière proposition est précisément l'affirmation de l'existence d'une application $g$ de $F$ dans $E$, telle que $x = g(y) \Longleftrightarrow f(x) = y $. + + + + +\begin{Def}[Application inverse] +Cette application est appelée \emph{application inverse}\index{application!inverse} de l'application $f$. +\end{Def} + +\begin{Notation} + On la note $f^{-1}$ +\end{Notation} + +\begin{Exo} +Reprendre l'exercice précédent, en trouvant l'application réciproque des applications bijectives. +\end{Exo} + + +% \begin{Rem} +% On peut démontrer que la bijectivité est une condition nécessaire et suffisante pour qu'une application admette une inverse. +% \end{Rem} + +\begin{Ex} +Soit l'application \og multiplication par 2 \fg{} $f: x \longmapsto 2 x$ de $\R$ dans $\R$. Elle est surjective et injective. +Elle admet donc une application inverse: $f^{-1}: x \longmapsto \dfrac{x}{2}$. +\end{Ex} + +\begin{Exo} +Soit $f: \Z \vers \Z$ définie par $f(n) = n + (-1)^n$. +\begin{enumerate} + \item Montrer que $n$ et $f(n)$ sont toujours de parité différente. +\item Montrer que $f$ est bijective. +\item Calculer $f(f(n))$. En déduire une expression de $f^{-1}$ et résoudre l'équation $347 = n+(-1)^n$. +\end{enumerate} + +\end{Exo} + + +\section{Cardinal et puissance d'un ensemble} + +Il s'agit ici de proposer une réflexion sur la notion intuitive de \og nombre d'éléments d'un ensemble\fg{}, nécessaire pour pouvoir aborder ultérieurement les notions de dénombrabilité et de calculabilité, fondamentaux en informatique. + + +\subsection{Cas des ensembles finis} + + +On commence par prendre deux ensembles $E=\{a,b,c,d\}$ et $F=\{1,2,3\}$ et à remarquer que: +\begin{itemize} + \item il est possible de définir une injection de $F$ dans $E$, mais pas une surjection, + \item de définir une surjection de $E$ sur $F$, mais pas d'injection, +\end{itemize} +\ldots tout simplement parce qu'il n'y a \og pas assez\fg{} d'éléments dans $F$ (ou \og trop\fg{} dans $E$). + + +Si l'on veut pouvoir définir une bijection entre deux ensembles, il semble nécessaire et suffisant qu'ils aient le même \og nombre d'éléments\fg{} (on se limite ici au domaine fini). +Cette notion intuitive, résultat immédiat d'une simple opération de comptage, est reliée à la notion mathématique de mise en bijection avec une partie de $\Net$ de la forme $\{1\vir 2\vir\ldots\vir n\}$. + Ainsi, pour $n\in\Net$ donné, les ensembles à $n$ éléments sont tous ceux qui peuvent être mis en bijection avec $\{1\vir 2\vir\ldots\vir n\}$ (et, par convention, $\varnothing$ a 0 élément). + + +\begin{Def}[Cardinal d'un ensemble fini] +L'élément maximum $n$ de la partie finie $P=\{1\vir 2\vir\ldots\vir n\}$ de $\Net$ est un représentant du \emph{cardinal} \index{ensemble!cardinal}\index{cardinal} de tout ensemble en bijection avec $P$. +\end{Def} + + + +Pas de problème donc lorsque l'on s'en tient aux ensembles finis, dont la définition mathématique est: + + +\begin{Def}[Ensemble fini] +Un ensemble est dit fini\index{ensemble!fini} s'il ne peut pas être mis en bijection avec une partie stricte de lui-même. +\end{Def} + + +\subsection{Cas des ensembles infinis} + + + +Lorsque l'on se pose la question du \og nombre d'éléments\fg{} d'un ensemble infini, on peut être tenté, dans un premier temps, de répondre par \og une infinité\fg{}, ce qui n'est pas satisfaisant pour au moins deux raisons: + +\begin{itemize} + \item jusqu'à présent, le \og nombre d'éléments\fg{} était un entier, et l'infini n'est pas un nombre entier, + \item cela laisserait supposer que tous les ensemble infinis ont le même \og nombre d'éléments\fg{} +\end{itemize} + + + +Une réflexion plus appronfondie apparaît comme nécessaire. On décide donc de se calquer sur le domaine fini\ldots + + +\begin{Def}[Puissance d'un ensemble infini] +Deux ensembles ont \emph{même puissance}\index{ensemble!puissance}\index{puissance!d'un ensemble} (\og même nombre d'éléments\fg{}) si l'on peut les mettre en bijection. +\end{Def} + + + +\begin{Ex} +Il existe des bijections entre $\N$ et l'ensemble des entiers pairs ($2\N$) ou impairs ($2\N+1$), qui conduisent à des formulations du style \og il y a autant d'entiers que d'entiers pairs \fg{}. +\end{Ex} + + +\begin{Rem} +$(2\N) \cup (2\N+1) = \N$, bien que ces trois ensembles \og on le même nombre d'éléments \fg{}, les deux premiers étants disjoints \ldots \'A rapprocher de $\infty\plinf=\infty$. +\end{Rem} + + +\begin{Rem} +Pour ce genre de raisons, on a tendance à abandonner ce vocabulaire (sur les nombres d'individus) pour dire simplement que ces ensembles ont même puissance. +\end{Rem} + + + +\subsection{Puissance d'un ensemble infini} + + +Si $E$ est un ensemble infini, le résultat fondamental est: + +\begin{Th} +Il est impossible de définir une surjection de $E$ sur $\mathcal{P}(E)$. +\end{Th} + +\begin{Pre} + Admis +\end{Pre} + +Ce résultat montre que, même si $E$ est un ensemble infini, il ne peut être mis en bijection avec ${\cal P}(E)$, qui a donc \og strictement plus d'éléments\fg{} que $E$. +Conséquemment, $\N$ et ses parties infinies, $\Z$, et même $\Q$ ont tous la même puissance, dite \emph{puissance du dénombrable} \index{puissance!du dénombrable}. Mais\ldots + + +\begin{Def}[Puissance du continu] +${\cal P}(\N)$ n'est pas dénombrable, et est de puissance strictement supérieure, dite \emph{puissance du continu}\index{puissance!du continu}, dite + \emph{puissance de $\R$}. +\end{Def} + + +\noindent De même, ${\cal P}(\R)$ est de puissance strictement supérieure à $\R$, et ainsi de suite\ldots + +\begin{Th} +$\R$ est indénombrable. +\end{Th} + +\begin{Pre}[Démonstration de Cantor] +Supposons que $\mathbb{R}$ soit dénombrable. +On pourrait alors écrire la liste de TOUS les réels, +à partir du premier, en écriture décimale $r_1$, $r_2$, $r_3$, etc. + +On choisit pour les nombres décimaux l'écriture qui ne comporte que des zéros à partir d'un certain rang, s'il y a ambiguïté. +Ainsi, l'on préférera l'écriture 1 à 0,9999999\ldots \ldots (ces nombres sont égaux ; c'est-à-dire que l'on a affaire ici à deux représentations décimales d'un même nombre). + + + Construisons alors le nombre $S$ de la manière suivante: + \begin{enumerate} + \item sa partie entière est 0, + \item et pour sa partie décimale, + \begin{itemize} + \item le premier chiffre est différent du premier chiffre après la virgule de $r_1$, + \item le deuxième chiffre est différent du deuxième chiffre après la virgule de $r_2$, + \item \emph{etc.} + \end{itemize} + \end{enumerate} + +Le nombre $S$ ne fait alors pas partie de la liste des réels, ce qui est contradictoire: l'hypothèse $\mathbb{R}$ dénombrable (on peut numéroter tous les réels avec $\mathbb{N}$) est erronée. +\end{Pre} +\section{Relations d'ordre} +Dans ce paragraphe, on se place dans le cas où $E=F$. +Soit ${\mathcal{R}}$ une relation binaire définie dans un ensemble $E$, de graphe $G$. + +\subsection{Réflexivité, antisymétrie, transitivité} + + +\begin{Def}[Réflexivité] + ${\mathcal{R}}$ est dite \emph{réflexive} \index{relation!réflexive} quand tout élément de $E$ est en relation avec lui-même: +$$\qqs x\in E,\ (x,x)\in G$$ +\end{Def} + + +\begin{Rem} + C'est-à-dire $\qqs x\in E,\ x {\mathcal{R}} x$, ou encore: la diagonale de $E^2$ est incluse dans $G$. +\end{Rem} + + + +\begin{Def}[Antisymétrie] + ${\mathcal{R}}$ est dite \emph{antisymétrique} \index{relation!antisymétrique} si, lorsque $x$ est en relation avec $y$, alors $y$ ne peut pas être en relation avec $x$ (sauf si $x=y$): + +$$\qqs x\in E,\ \qqs y\in E,\ (x,y)\in G ~{\rm et}\ (y,x)\in G\ \Imp x=y$$ +\end{Def} + + +\begin{Rem} + C'est-à-dire $\qqs(x,y)\in E^2,\ x {\mathcal{R}} y\ {\rm et}\ y {\mathcal{R}} x\Imp\ x=y$. +\end{Rem} + + + +\begin{Def}[Transitivité] + ${\mathcal{R}}$ est dite \emph{transitive} \index{relation!transitive} lorsque, si $x$ est en relation avec $y$, et si $y$ l'est avec $z$, alors $x$ est en relation avec $z$: +$$\qqs x\in E,\qqs y\in E,\ \qqs z\in E,\ (x,y)\in G\ {\rm et}\ (y,z)\in G +\Imp (x,z)\in G$$ +\end{Def} + + +\begin{Rem} +C'est-à-dire: $\qqs x\in E,\ \qqs y\in E,\qqs z \in E,\ x {\mathcal{R}} y\ {\rm et}\ y {\mathcal{R}} z \Imp x {\mathcal{R}} z$. +\end{Rem} + + +\begin{Exo} +Les relations suivantes sont-elles réflexives, antisymétriques ou transitives ? +\begin{enumerate} +\item $A = \mathbb{R}$ et $x \mathcal{R} y$ si $|x| = |y|$. +\item $A = \mathbb{R}$ et $x \mathcal{R} y$ si $sin^2 x + \cos^2 y = 1 $. +\item $A = \mathbb{N}$ et $x \mathcal{R} y$ s'il existe $p$ et $q$ entiers tels que $y = p x^q$. +\item $A$ est l'ensemble des points du plan, et $x \mathcal{R} y$ si la distance de $x$ à $y$ est inférieure à 52,7 km. +\end{enumerate} +\end{Exo} + + +\begin{Exo} +Sur un ensemble à $n$ éléments, combien y a-t-il de relations\ldots +\begin{enumerate} +\item réflexives~? +\item symétriques~? +\end{enumerate} +\end{Exo} + + + +\begin{Exo} +Déterminer quand une relation $\mathcal{R}$ dans un ensemble $A$ est +\begin{enumerate} +\item non réflexive, +\item non symétrique, +\item non transitive, +\item non antisymétrique. +\end{enumerate} +\end{Exo} + + +\begin{Exo} +Donner des exemples de relation $\mathcal{R}$ dans $\{1,2,3\}$ ayant les propriétés suivantes: +\begin{enumerate} +\item $\mathcal{R}$ est symétrique, +\item $\mathcal{R}$ n'est ni symétrique ni antisymétrique, +\item $\mathcal{R}$ est transitive mais $\mathcal{R} \cup \mathcal{R}^{-1}$ n'est pas transitive. +\end{enumerate} +\end{Exo} + + +\begin{Exo} +Soit $\mathcal{R}$ et $\mathcal{S}$ deux relations dans $A$. +\begin{enumerate} +\item Montrer que si $\mathcal{R}$ et $\mathcal{S}$ sont transitives alors $\mathcal{R} \cap \mathcal{S}$ est transitive. +\item Si $\mathcal{R}$ est antisymétrique alors $\mathcal{R} \cap \mathcal{S}$ est antisymétrique. +\end{enumerate} +\end{Exo} + + +\subsection{Relation d'ordre} + +\begin{Def}[Relation d'ordre] +${\mathcal{R}}$ est une \emph{relation d'ordre}\index{relation!d'ordre} lorsqu'elle est réflexive, antisymétrique et transitive. +\end{Def} + + +\begin{Ex}[Exemples de relations d'ordre] +Quelques relations d'ordre: +\begin{itemize} +\item $(\R,\leqslant)$ +\item $({\cal P}(E),\sse)$ +\end{itemize} +\end{Ex} + +\begin{Ex}[Relation de divisibilité] +On note $a|b$ si et seulement si $b$ est un multiple de $a$ ($\exists k \in \Net, b=ka$). + +C'est une relation d'ordre définie dans $\Net$. En effet, elle est + +\begin{description} +\item[reflexive:] $a=1a$, donc $a|a$ est vrai, +\item[antisymétrique:] si $a|b$ et $b|a$, alors $\exists k,k' \in \Net, a=kb$ et $b=k'a$. Donc $a = kk' a$. Comme $a \neq 0$, $kk'=1$. Mais $k,k' \in \Net$, donc $k = k' = 1$, et $a = b$. +\item[transitive:] si $a|b$ et $b|c$, alors alors $\exists k,k' \in \Net, a=kb$ et $b=k'c$. Donc $a = k k' c$: il existe $k'' \in \Net$ ($k''=k k'$) tel que $a = k''c$: $a|c$. +\end{description} + +\end{Ex} + + +La structure algébrique constituée par l'ensemble $E$, muni de la +relation d'ordre ${\mathcal{R}}$, (c'est-à-dire: le couple $(E,{\mathcal{R}})$) est +celle d'\emph{ensemble ordonné}\index{ensemble!ordonné}. + + + +\subsection{Ordre partiel, ordre total} + +Une relation d'ordre définie dans un ensemble $E$ peut posséder une propriété supplémentaire, celle selon laquelle tous les éléments de $E$ sont comparables entre eux. +On formalise comme suit: + + +\begin{Def}[Relation d'ordre totale] +Une relation d'ordre qui possède cette dernière propriété est dite relation d'\emph{ordre total}\index{relation!d'ordre!totale}, et la structure algébrique correspondante est celle d'\emph{ensemble totalement ordonné}\index{ensemble!totalement ordonné}. +\end{Def} + + +\begin{Rem} +Cette propriété est aussi équivalente à: $$\qqs x\in E,\ \qqs y\in E,\ x\ {\mathcal{R}}\ y\ {\rm ou}\ y {\mathcal{R}} x$$ +\noindent ou encore: \og si $x$ n'est pas en relation avec $y$, alors $y$ est en relation avec $x$ \fg{}. +\end{Rem} + + +\begin{Def}[Relation d'ordre partiel] +Dans le cas contraire, il existe des éléments qui ne sont pas comparables: on parle alors d'\emph{ordre partiel} \index{relation!d'ordre!partiel}. +\end{Def} + + +\begin{Ex} +$\leqslant$ est une relation d'ordre totale dans $\R$. +\end{Ex} + +\begin{Ex} +$\subset$ dans $\mathcal{P}(E)$, et $|$ dans $\N$ sont des relations d'ordre partiels. +\end{Ex} + + + +\begin{Exo} +Parmi les relations suivantes sur l'ensemble $E$, repérez les relations d'ordre, les relations d'ordre total: +\begin{enumerate} +\item $E = \mathbb{Z}$, $x \mathcal{R} y \Leftrightarrow \exists k \in \mathbb{N}: x = y^k$. +\item $E = \mathbb{N}$, $x \mathcal{R} y \Leftrightarrow x