1 \section{Principe de récurrence }
3 Pour démontrer par \emph{récurrence}
4 \index{récurrence!restreinte}
5 qu'une propriété $P(n)$ est vraie quel que soit l'entier $n \ge n_0$,
6 on procède en deux étapes:
8 \item on vérifie que $P(n_0)$ est vraie;
9 \item\label{itm:2} on suppose que $P(n)$ est vraie pour un certain entier $n \ge n_0$,
10 c'est l'hypothèse de récurrence, et on démontre que $P(n+1)$ est vraie.
12 Le \emph{principe de récurrence} dit alors que $P(n)$ est vraie quel que soit
14 % Une variante consiste à remplacer l'étape~\ref{itm:2} par
16 % \item[2 bis.] on suppose que $P(k)$ est vraie pour tout $k$ compris entre
17 % $n_0$ et $n$, et on démontre que $P(n+1)$ est vraie.
19 % Ceci se déduit du fait que $\N$ est un ensemble complètement ordonné.
24 \item Calculez 1, 1+3, 1+3+5, et 1+3+5+7.
25 \item A quoi $1+3+5+7+...+(2n-1)+(2n+1)$ semble-t-il être égal (en fonction de $n$) ?
26 \item Démontrer par récurrence que l'on a effectivement l'égalité.
32 % On souhaite calculer $S_1(n) = 1+2+...+n$.
34 % \item Cherchez un bon candidat $S_1(n)$ pour cette formule.
36 % \item On pourra chercher un lien logique entre $S_1(1), S_1(2), S_1(3), S_1(4), ...$
37 % \item On pourra aussi faire le lien avec les suites arithmétiques.
38 % \item Ou encore, retrouver la méthode de Gauss : $S = 1+2+...+n$, et $S = n+(n-1)+...+2+1$. Si on somme ces deux expressions...
40 % \item Prouvez, par récurrence, que la somme est bien égale à ce candidat.
41 % \item Quelle est la \og forme \fg{} de ce candidat (fonction tangente ? polynôme ?)
47 On souhaite calculer $S_2(n) = 1^2+2^2+...+n^2$.
49 \item Cherchez un bon candidat $S_2(n)$ pour cette formule.
51 \item On pourra chercher un lien logique entre $S_2(1), S_2(2), S_2(3), S_2(4), ...$
54 \item Regardez la forme de $S_0(n) = 1^0+2^0+...+n^0$, et de $S_1(n) = 1^1+2^1+...+n^1$
55 \item Extrapolez la formule pour $S_2(n)$. On pourra imaginer que $S_2(n)$ est toujours un polynôme en $n$. Quel serait son degré le plus probable ? Quelle en serait donc la forme ? On aura à déterminer les coefficients intervenant dans ce polynôme. Pour ce faire, il suffit de considérer que cette formule doit convenir pour n=1, 2, etc.
58 \item Démontrez, par récurrence, que l'on a bien égalité entre $1^2+2^2+...+n^2$ et votre candidat.
63 % Poursuivre le raisonnement pour $S_3(n)$. Cette méthode permet-elle de calculer $S_k(n)$ pour tout $k$ et $n$ dans $\N$?
68 Montrer que pour tout entier naturel $n$, 3 divise $4^n -1$.
72 Soit la suite $(U_n)_{n\in \N}$ définie par $U_n = 3^{2n+1} + 2^{n+2} $.
74 \item Calculer $U_0$, $U_1$ et $U_2$. Remarquer que ce sont tous
76 \item Montrer que $U_{n+1} = 7 \times 3^{2n+1} + 2 U_n$.
77 \item Montrer que $7$ est un multiple de $U_n$ pour tout entier naturel $n$.
82 % Soit $(u_n)_{n \in \N}$ une suite réelle telle que pour tout $ n \in \N$,
83 % $$u_{n+2}-5u_{n+1}+6u_n = 0$$
84 % Montrez qu'il existe $\alpha, \beta \in \N$ tels quel pour tout $ n \in \N, u_n = \alpha 3^n + \beta 2^n$.
88 % Montrer que $\forall m,n \in \N^*, \forall r \in \N, m^{2r+1}+n^{2r+1}$ est divisible par $m+n$.
94 \section{Nombres premiers}
96 \begin{Def}[Multiple, diviseur]
97 Si un entier $n$ peut s'écrire sous la forme $n=pq$, où $p$
98 et $q$ sont des entiers, on dit que $n$ est un \emph{multiple} \index{multiple}
99 de $p$ et que $p$ est un \emph{diviseur}\index{diviseur} de $n$.
100 On écrit aussi $p \mid n$ pour $p$ divise $n$.
104 Soit $m = 2^3 * 5 * 7^2 * 13^3$. Combien le nombre $m$ a-t-il de diviseurs naturels ?
107 %\noindent Réponse : (3+1)*(1+1)*(2+1)*(3+1)=96.
109 \begin{Def}[Nombre premier]
110 Un \emph{nombre premier}\index{nombre!premier} est un nombre entier strictement supérieur à 1 qui n'est divisible que par 1 et par lui-même.
115 Ainsi, le plus petit nombre premier (et le seul qui soit pair) est 2.
119 Il existe une infinité de nombres premiers.
122 \begin{Exo}[Nombres premiers en quantité infinie]
123 Supposons comme hypothèse que l'ensemble des nombres premiers $\{ p_1, p_2, p_3 \ldots p_{n-1}, p_n \}$ est de cardinalité finie $n$.
124 On construit le nombre $N = p_1. p_2. p_3. \ldots .p_{n-1}. p_n +1$.
126 \item Montrer que d'après l'hypothèse, il existe un nombre premier $q$ tel que
127 $N$ est un multiple de $q$.
128 \item Montrer cependant que $N$ n'est pas un multiple de $p_1$. Idem pour $p_2$, \ldots $p_n$.
129 \item En déduire que $q$ est un nombre premier différent de $p_1$, de $p_2$, \ldots de $p_n$.
130 \item En déduire une contradiction dans l'hypothèse.
140 Le problème de la primalité d'un nombre (très grand, évidemment) est difficile.
145 %\subsection{Décomposition en facteurs premiers}
147 \begin{Def}[Décomposition en facteurs premiers]
148 L'écriture d'un entier $n$ sous la forme $n=a^{\alpha}b^{\beta}c^{\gamma}\ldots$, où \begin{itemize}
149 \item $a$, $b$, $c$, \ldots sont des nombres premiers distincts
150 deux à deux tels que $a < b < c < ldots$;
151 \item les exposants $\alpha$, $\beta$, $\gamma$ sont des entiers naturels
154 \noindent s'appelle la \emph{décomposition en facteurs premiers} \index{décomposition en facteurs premiers} de $n$.
156 On dit que les exposants $\alpha$, $\beta$, $\gamma$, \ldots sont les ordres de multiplicité des diviseurs $a$, $b$, $c$, \ldots
162 La décomposition d'un entier en ses facteurs premiers est unique.
167 \'Ecrivez les nombres 3850 et 1911 sous forme de produits de nombres premiers.
170 %\noindent Réponses : $2*5^2*7*11$ et $3*7^2*13$.
175 %\subsection{Relation de divisibilité}
177 % Dans le chapitre sur les relations entre ensembles,
178 % on a vu que la relation binaire de \og divisibilité\fg{} (notée $\mid$)
179 % définie dans $\Net$.
180 % est une relation d'ordre.
181 % Or 6 ne divise pas 14 et 14 ne divise pas 6.
182 % Ces deux entiers ne sont donc pas comparables.
183 % Cet ordre n'est donc que partiel.
185 % Cependant 2 divise 6 et 14. C'est le plus grand des minorants de 6 et 14
186 % selon cette relation. C'est donc la borne inférieure.
187 % De même 42 est divisible par 6 et 14 aussi.
188 % C'est le plus petit des majorants de 6 et 14
189 % selon cette relation. C'est donc la borne supérieure.
190 % Chaque couple d'entiers a donc une borne inférieure et une borne supérieure.
194 \begin{Def}[PGCD, PPCM]
195 Soient $a$ et $b$ deux entiers naturels strictement positifs.
197 \item L'ensemble des diviseurs communs à
198 $a$ et $b$ admet un plus grand élément $d$,
199 le \emph{plus grand commun diviseur (PGCD)}\index{plus grand commun diviseur}\index{PGCD}
200 de ces entiers. On le note $\textit{PGCD}(a,b)$.
201 \item L'ensemble des multiples strictement positifs
202 communs à $a$ et $b$ admet un plus petit élément $m$,
203 le \emph{plus petit commun multiple (PPCM)} \index{PPCM} \index{plus petit commun multiple} de ces deux entiers.
204 On le note $\textit{PPCM}(a,b)$.
206 Pour $a$ et $b$ dans $\N$,
207 $\textit{PGCD}(a,b)$ et
208 $\textit{PPCM}(a,b)$ et
209 sont respectivement notés $a\et b$ et $a\ou b$.
212 \begin{Def}[Nombres premiers entre eux]
213 Deux nombres entiers strictement positifs $a$ et $b$ sont dits \emph{premiers entre eux} lorsque $a\et b=1$.
219 \begin{Exo}[Nombres de Fermat]
220 Pour $p \in \N$, on appelle nombres de Fermat les nombres de la forme
224 pour que $2^n+1$ soit premier, il est nécessaire
225 que $n$ soit une puissance de 2.
227 \item Pour montrer que ce n'est pas suffisant, vérifier que $F_5$ est
230 \item Montrer que, pour $k\geqslant 1$, $F_p$ divise $F_{p+k}-2$.
232 \item En déduire que $F_p$ et $F_{p+k}$ sont premiers entre eux.
234 %\item En déduire qu'il existe une infinité de nombres premiers.
240 \section{Algorithmes d'Euclide et applications}\index{algorithme!d'Euclide}
242 Par définition, le PGCD de $a$ non nul avec
243 0 est $a$ (défintion raisonnable, car 0
244 est divisible par tout entier non nul, donc par $a$, qui l'est aussi par $a$)
245 et enfin le PGCD de 0 et de 0 n'est pas
250 L'algorithme consistant à comparer les décompositions en facteurs
251 premiers n'est pas efficace.
252 La découverte de diviseurs de nombres
253 très grands est un problème difficile dont nous reparlerons plus loin.
261 On se limite ici au cas de deux entiers $a$ et $b$ strictement positifs. Supposons par exemple $a>b$
264 \item La division euclidienne de $a$ par $b$ peut s'écrire $a=bq+r$ avec $0\infeg r<b$.
266 \item Montrons que \og $d$ est un diviseur commun à $a$ et $b$ \fg{}
267 est équivalent à \og $d$ est un diviseur commun à $b$ et $r$ \fg{}.
269 \item Soit $d$ un diviseur commun à $a$ et $b$, qui peuvent alors s'écrire $a=da'$ et $b=db'$. L'égalité $a=bq+r$ devient $da'=db'q+r$ ou encore $r=d(a'-b'q)$, donc $d$ est aussi un diviseur commun à $b$ et $r$.
271 \item Réciproquement, soit $d$ un diviseur commun à $b$ et $r$, qui peuvent alors s'écrire $b=db'$ et $r=dr'$ et l'égalité $a=bq+r$ devient $a=d(b'q+r')$.
272 Donc $d$ est un diviseur commun à $a$ et $b$.
275 Ainsi, les ensembles des diviseurs communs à $a$ et $b$
276 d'une part et à $b$ et $r$ d'autre part sont identiques.
277 En particulier $a\et b=b\et r$.
279 \item Si $r=0$ on a $a\et b= b\et 0$ qui est égal à $b$.
281 \item Sinon, $r$ est différent de $0$ et on peut donc effectuer la
282 division euclidienne de $b$ par $r$, qui donne un reste $r_{1}$,
283 tel que $0 \le r_{1}<r$ et $b\et r=r\et r_{1}$.
285 \item Cet algorithme est itéré jusqu'à l'obtention d'un reste nul, ce qui se produit obligatoirement puisqu'il s'agit d'entiers et que la suite des restes ainsi construite est strictement décroissante.
286 Le PGCD est alors l'avant-dernier reste (le dernier non nul).
291 Cet algorithme permet donc d'obtenir le PGCD de deux nombres sans connaître leurs décompositions en facteurs premiers.
295 Déterminer $154 \land 35$ par l'algorithme d'Euclide.
299 Voici sa programmation itérative en Python:
303 def pgcd_euclide(a,b) :
314 \begin{Exo}[Application de l'algorithme d'Euclide]
315 Si $p$ est un nombre premier, et $n$ un entier avec $n \ge 2$, on note
319 \item On suppose que $p$ est égal à 2.
321 \item Montrer que $2^n -1 = 2 \times (2^{n-1} -1) +1$ pour $n \ge 2$.
322 \item Calculer $d = a \et b$ au moyen de l'algorithme d'Euclide.
323 \item Déterminer un couple d'entiers relatifs $(u,v)$ tels que $ua + vb=d$.
325 \item On suppose maintenant que $p$ est différent de 2.
327 \item Montrer que $a$ et $b$ sont pairs et poser $a=2A$ et $b=2B$.
328 \item Calculer $A-B$. En déduire la valeur $d$ de $a \et b$.
329 \item Déterminer un couple d'entiers relatifs $(u,v)$ tels que $ua + vb=d$.
335 % Comme $48=2^43$ et que $56=2^37$, on voit aisément que $48\et 56=2^3$.
339 % Calculez $102 \ou 138$.
342 % \noindent Réponse : 2346.
345 % $\Net$ est un treillis pour la divisibilité.
347 % On peut de plus montrer que :
350 % \item ce treillis est distributif, c'est-à-dire que $x\ou(y\et z)=(x\ou y)\et(x\ou z)$ et que $x\et(y\ou z)=(x\et y)\ou(x\et z)$,
351 % \item il admet un élément minimum (1), mais pas d'élément maximum,
352 % \item les nombres premiers sont les éléments minimaux de ($\Net\moins\{1\}$).
360 % Soient $a,b,c,d$ des entiers naturels non nuls tels que $ad=bc$.
362 % Prouvez que si $a$ et $b$ sont premiers entre eux, alors $b|d$
365 % \noindent Réponse : En se plongeant dans le calcul modulo $b$, on a : ad = 0.
367 % Comme $a$ et $b$ sont premiers entre eux, $a$ est inversible, et donc $d=0$.
369 % On en déduit que $d$ est un multiple de $b$.
375 \section{Division euclidienne dans $\Z$ et applications}
377 L'ensemble habituellement noté $\Z$ des entiers relatifs
378 est obtenu à partir de $\N$ par le procédé de symétrisation pour l'addition:
379 cela consiste à introduire les entiers strictement négatifs comme
380 opposés des positifs correspondants, par $n+(-n)=0$.
383 On se donne deux entiers relatifs $a$ et $b$, $b$ non nul.
386 Il existe un et un seul couple d'entiers relatifs $q$ et $r$ qui
387 vérifient la relation suivante : $a=bq+r$ , avec $0\leqslant r<|b|$.
391 \begin{Def}[Division euclidienne]
392 Obtenir les valeurs de $q$ et de $r$, c'est effectuer la \emph{division
393 euclidienne}\index{division euclidienne} de $a$ par $b$.
394 Le nombre $q$ est appelé \emph{quotient}\index{quotient}, et
395 le nombre $r$ est appelé \index{reste}\emph{reste}
396 (dans la division euclidienne).
397 Lorsque $r$ est nul, $a$ est dit \emph{divisible} par $b$, ou $b$ est un \emph{diviseur} de $a$.
402 Tout nombre non nul est au moins divisible par 1 et par lui-même ($a=a\times 1+0$).
406 0 est divisible par tout nombre entier non nul $(0 = 0 \times b + 0 )$.
411 Quels sont le quotient et le reste de la division euclidienne de $m$ par $n$ dans le cas où :
413 \item $m = -38$ et $n=6$,
414 \item $m=165$ et $n=-14$.
421 On se place dans l'ensemble $\N$.
423 \item Trouver les restes dans la division par 5 du carré d'un entier.
424 \item Trouver les restes dans la division par 8 du carré d'un entier impair.
425 \item Trouver les restes dans la division par $11$ de $37^n$ (pour $n\in\Net$).
426 \item Montrer que $10^n(9n-1)+1$ est divisible par 9.
431 \section{Représentation des nombres entiers}
435 \begin{Def}[Principe de la numération de position]
436 \index{Principe de la numérotation de position}
437 Il consiste à choisir une base $b$ de numération, et $b$ symboles qui constitueront les chiffres dans la représentation d'un entier positif en base $b$.
438 Celle-ci s'écrira alors
439 $$n=n_{p}b^p+n_{p-1}b^{p-1}+\cdots+n_{1}b^1+n_{0}$$
441 Cette écriture est abrégée en ${\left(\overline{n_{p}n_{p-1}\ldots n_{0}}\right)}_{b}$.
444 En informatique, on utilise couramment les bases 2, 8 et 16.
450 L'algorithme pour obtenir la représentation en base $b$ d'un entier est :
453 \item Effectuer la division euclidienne de cet entier par $b$, division qui donne un premier quotient et un premier reste.
454 \item Le quotient est à sont tour divisé par $b$ pour donner un second quotient et un second reste, et ainsi de suite jusqu'à obtenir un quotient nul.
455 \item Les restes successifs (tous strictement inférieurs à $b$), et en commençant par le dernier, constituent la représentation en base $b$ de l'entier donné.
459 Donner la représentation de 23 en base 2.
464 \begin{Exo}[Numération, changements de base]
466 \item Chercher les entiers dont le carré a, en représentation décimale,
467 le même chiffre pour les dizaines et les unités.
468 \item On pose $a=2p-1$, $b=2p+1$, $c=2p+3$; trouver l'entier $p$ de manière que $a^2+b^2+c^2$ soit de la forme $\sur{xxxx}_{10}$.
469 \item L'entier $n$ s'écrit $\sur{341}_{10}$ et $\sur{2331}_a$. Trouver $a$.
470 \item Montrer que, dans toute base $b$ supérieure ou égale à 3, l'entier qui s'écrit $\sur{11211}_b$ n'est pas premier.
471 \item Soit $n\geqslant 7$. Donner l'écriture de $(n+1)^4$ en base $n$.
477 \begin{Exo}[Développement décimal]
478 On considère le nombre réel $x$ dont le dé\-ve\-lop\-pe\-ment décimal s'écrit $x=0,012\ 345\ 679\ 012\ 345\ 679\ \ldots\ \ldots\ \ldots$ (la séquence $012\ 345\ 679$ est reproduite indéfiniment). Ce développement décimal est périodique, de période 9.
480 \item Montrer que $x$
481 vérifie une équation de la forme $10^kx=n+x$, où $k$ et $n$ sont
482 des entiers à déterminer. En résolvant cette équation,
483 montrer que $x$ est un nombre rationnel, et le mettre sous la forme
484 $x= \fr pq$ , où $p$ et $q$ sont premiers entre eux.
486 la même méthode au ``nombre" $y$ dont le développement
487 décimal est $y= 0,999\ 999\ 999\ 999\ \ldots$ (périodique de période
488 1). Quelle conclusion peut-on en tirer?
489 \item Démontrer que tout nombre réel dont le développement
490 décimal est fini ou périodique à partir d'un certain rang
491 est un nombre rationnel.
492 \item Réciproquement, on se propose de démontrer que le
493 développement décimal de tout nombre rationnel est fini ou
494 périodique à partir d'un certain rang. Pour cela, on
495 considère un rationnel $x=\fr pq$ , avec $q>0$, $p\in
496 \Z$, $p$ et $q$ premiers entre eux, et on étudiera successivement
499 \item $x$ est entier (c'est à dire $q=1$).
500 \item $x$ est rationnel non entier, et $q$ est premier avec 10 (On
501 pourra montrer que, si $q$ est premier avec 10, il existe un entier
502 $k$, non nul, tel que $10^k\equiv 1\ [q]$).
503 \item $x$ est rationnel non entier, mais $q$ n'est pas premier avec 10.
510 \section{Arithmétique modulo $n$}
512 On rappelle ici la définition de la relation dite de \og congruence modulo n\fg{} définie dans $\Z$ étudiée dans le chapitre consacré aux relations entre ensembles.
514 \begin{Def}[Congruence modulo $n$]
515 Soit $n$ un entier strictement supérieur à 1 et $x$ et $y$ deux éléments de $\Z$.
516 On dit que \og $x$ est \emph{congru} à $y$ \emph{modulo}\index{congru}\index{modulo} $n$\fg{} lorsque $x$ et $y$ possèdent le même reste dans la division (euclidienne) par $n$ :
517 $$x \equiv y [n] \Ssi \exi k \in \Z, x-y=k \cdot n $$
524 \item $3*10^9 \mod 97$,
525 \item $3^{1024} \mod 1037$.
529 %\noindent Réponses : 5 et 630.
535 La relation de congruence modulo $n$ est une relation d'équivalence dans $\Z$.
541 \item $\qqs x \in \Z, x-x=0=0 \cdot n$; or $0 \in \Z$, donc $x
542 \equiv x [n]$ (réflexivité). \item Si $x \equiv y
543 [n]$, $\exi k \in \Z$, $x-y=k \cdot n$; alors $y-x=(-k) \cdot n$, et,
544 puisque $k \in \Z$, $(-k) \in \Z$, donc $y \equiv x [n]$ (symétrie).
545 \item Si $x \equiv y [n]$, $\exi k\in\Z$, $x-y=k \cdot n$; si, de
546 plus, $y \equiv z [n]$, $\exi l\in\Z$, $y-z=l \cdot n$; alors (par
547 addition), $x-z=(k+l) \times n$; comme $k\in\Z$ et $l\in\Z$,
548 $(k+l)\in\Z$, donc $x \equiv z [n]$ (transitivité).
553 La classe d'équivalence d'un entier donné comprend donc cet entier et tous ceux qui ont le même reste que lui dans la division euclidienne par $n$.
556 Si $n = 3$, il y a trois classes distinctes :
558 \item $\dot 0=\{\ldots,-6,-3,0,3,6,9,\ldots\}$,
559 \item $\dot 1=\{\ldots,-5,-2,1,4,7,10,\ldots\}$,
560 \item $\dot 2=\{\ldots,-4,-1,2,5,8,11,\ldots\}$.
563 On retrouve ensuite les mêmes éléments : $\dot 3=\dot 0$, etc...
566 D'une manière générale, pour $n$ quelconque, il y a exactement $n$ classes d'équivalence, notées de $\dot 0$ à $\dot {(n-1)}$, c'est-à-dire, il faut le remarquer, un nombre fini.
572 L'ensemble-quotient (ensemble des classes d'équivalence) de la relation de congruence modulo $n$ est un ensemble fini.
576 Il est noté $\Z/n\Z$.
581 $\Z/3\Z =\{ \dot 0,\dot 1,\dot 2\}$.
586 On dit qu'une relation d'équivalence, notée $\equiv$,
587 définie dans une structure algébrique $S$,
588 est compatible avec les lois de $S$
589 lorsque les résultats des opérations effectuées sur des éléments équivalents
590 demeurent équivalents:
592 \item pour l'addition: si $x \equiv x'$ et $y \equiv y'$,
593 alors on doit avoir $x + y \equiv x' + y'$;
594 \item pour la multiplication $\times$: si $x \equiv x'$ et $y \equiv y'$,
595 alors on doit avoir $x \times y \equiv x' \times y'$.
604 La relation de \og congruence modulo $n$\fg{} est compatible avec l'addition et la multiplication des nombres entiers.
609 En effet, on suppose que:
611 \item $x \equiv x' [n] \Ssi \exi k\in \Z,\ x-x'=k \cdot n$;
612 \item $y \equiv y' [n] \Ssi \exi l\in \Z, y-y'=l \cdot n$.
616 \item par addition, $(x+y)-(x'+y')=(k+l)\cdot n$; $(k+l)\in\Z$, donc $(x+y)\equiv(x'+y') [n]$: la congruence modulo $n$ est compatible avec l'addition dans $\Z$
617 \item en multipliant l'égalité $x-x'=k \cdot n$ par $y$, on a
618 $xy-x'y=(ky)\cdot n$ et l'égalité
620 par $x'$ on a $x'y-x'y'=(x'l)\cdot n$.
622 Par addition, $xy-x'y'=(ky+lx')\cdot n$. $(ky+lx')\in\zmat$, donc $x\cdot y\equiv x'\cdot y' [n]$: la congruence modulo $n$ est aussi compatible avec la multiplication dans $\Z$.
628 % C'est cette propriété qui permet de définir dans l'ensemble quotient $\Z/n\Z$ des opérations, dites \emph{induites} par celles qui existent dans $\Z$...
636 Par définition, on pose $\dot x + \dot y = \dot {(x+y)}$ et $\dot x \cdot
637 \dot y = \dot {(xy)}$.
642 C'est ainsi qu'on obtient les tables d'opérations suivantes dans $\Z/4\Z$ :\\
646 $\begin{array}{|c|c|c|c|c|}\hline
647 + & \dot 0 & \dot 1 & \dot 2 & \dot 3 \\ \hline
648 \dot 0 & \dot 0 & \dot 1 & \dot 2 & \dot 3 \\ \hline
649 \dot 1 & \dot 1 & \dot 2 & \dot 3 & \dot 0 \\ \hline
650 \dot 2 & \dot 2 & \dot 3 & \dot 0 & \dot 1 \\ \hline
651 \dot 3 & \dot 3 & \dot 0 & \dot 1 & \dot 2 \\ \hline \end{array}$
653 $\begin{array}{|c|c|c|c|c|}\hline
654 \times & \dot 0 & \dot 1 & \dot 2 & \dot 3 \\ \hline
655 \dot 0 & \dot 0 & \dot 0 & \dot 0 & \dot 0 \\ \hline
656 \dot 1 & \dot 0 & \dot 1 & \dot 2 & \dot 3 \\ \hline
657 \dot 2 & \dot 0 & \dot 2 & \dot 0 & \dot 2 \\ \hline
658 \dot 3 & \dot 0 & \dot 3 & \dot 2 & \dot 1 \\ \hline \end{array}$
665 On aperçoit la présence de \og diviseurs de zéro\fg{} ($\dot 2 \times \dot 2=\dot 0$), mais aussi l'apparition d'un inverse pour certains éléments ($\dot 3 \times \dot 3=\dot 1$).
670 Résolvez modulo 18 les équations suivantes :
679 %\noindent Réponses : \{8,17\}, \{ \} et \{15\}.
682 \begin{Exo}[Systèmes de congruences]
683 Il s'agit de trouver des entiers $x$ qui satisfont des systèmes de la forme
684 $$\left\{\begin{array}{ccc}
685 x & \equiv & a\ [p] \\
686 x & \equiv & b\ [q] \\
688 Un tel système peut ne pas avoir de solution
689 (par exemple, $a=1,\ p=2,\ b=0,\ q=4$: un nombre impair ne peut être un multiple de 4).
691 Une condition suffisante d'existence de
692 solutions est que $p$ et $q$ soient premiers entre eux.
694 C'est le cas que nous traiterons ici; dans ce cas, il existe deux entiers $u$ et $v$ tels que $pu+qv=1$ (théorème de Bézout).
696 Donc $pu \equiv 1\ [q]$ et $qv \equiv 1\ [p]$, et $x=bpu+aqv$ est une solution du système (pourquoi??); les autres sont de la forme $x + kpq$, où $k$ est un entier quelconque.
698 \item Résoudre le système de congruences
699 $$\left\{\begin{array}{ccc}
700 x & \equiv & 2\ [88] \\
701 x & \equiv & 1\ [27] \\
702 \end{array}\right..$$
703 \item {\it Application au problème du cuisinier}: une bande de 17 pirates s'est emparée d'un butin composé de pièces d'or, toutes d'égale valeur.
705 Ils décident de se les partager également et de donner le reste éventuel au cuisinier. Celui-ci recevrait alors 3 pièces d'or.
707 Malheureusement, une querelle éclate, au cours de laquelle 6 pirates sont tués. Le cuisinier recevrait alors 4 pièces d'or.
709 Dans un naufrage ultérieur, seuls le butin, 6 pirates et le cuisinier sont sauvés. Le partage laisserait alors 5 pièces à ce dernier.
711 Quel est le plus petit nombre de pièces d'or qu'il espère lorsqu'il décide d'empoisonner les derniers pirates?
719 Si $m$ est un entier naturel plus grand que 2, quel est l'inverse de $m-1$ modulo $m$ ?
722 %\noindent Réponse : $m-1$.
726 Un nombre \og pseudo-premier de base $b$ \fg{}\index{pseudo-premier} est un entier naturel non premier $p$ tel que $(b^p-b) mod p = 0$.
727 Vérifier que 561 est pseudo-premier de base 3 et que 341 est pseudo-premier de base 2.
731 \section{Arithmétique en informatique}
734 La plupart des langages de programmation utilisés en informatique disposent d'un type de données pour représenter ce que les informaticiens appellent les entiers signés (les entiers relatifs) et possèdent des opérateurs pour effectuer les calculs classiques sur ces nombres.
736 \subsection{Division entière}
738 En C ou java, par exemple, le symbole $/$ représente le quotient dans la \og division entière\fg{} et le symbole $\%$ représente ce que les informaticiens appellent improprement le modulo (le reste dans leur \og division entière\fg{} ).
741 Pour des raisons pratiques de réalisation des micro-circuits des processeurs qui réalisent ces opérations, la \og division entière\fg{} ne donne pas exactement le même résultat que la division euclidienne.
745 Considérons par exemple les 4 cas possibles de division euclidienne de $a$ par $b$ lorsque $|a|=29$ et $|b|=7$ (en n'oubliant pas que le reste d'une division euclidienne ne peut être que positif)
749 \begin{tabular}{|c|c|c|c|c|c|c|}
751 $a$ & $b$ & division euclidienne & $q$ & $r$ & $a/b$ & $a\%b$ \\ \hline
752 $29$ &$7$ & $29=4\times 7+1$ & $4$ & $1$ & $4$ & $1$ \\ \hline
753 $29$ &$-7$ & $29=(-4)\times (-7)+1$ & $-4$ & $1$ & $-4$ & $1$ \\ \hline
754 $-29$ &$7$ & $-29=(-5)\times 7+6$ & $-5$ & $6$ & $-4$ & $-1$ \\ \hline
755 $-29$ &$-7$ & $-29=5\times (-7)+6$ & $5$ & $6$ & $4$ & $-1$ \\ \hline
761 Autrement dit, mathématiquement, le quotient est positif lorsque les deux nombres ont le même signe et le reste est toujours positif, et, pour que le reste soit toujours positif, le quotient peut ne pas être le quotient des valeurs absolues.
764 Informatiquement, le \og quotient\fg{} est positif lorsque les nombres ont le même signe, le \og reste\fg{} a le signe du dividende, et la valeur absolue du \og quotient\fg{} est toujours le quotient des valeurs absolues.
767 Dans les applications de calcul arithmétique, par exemple un calcul de PGCD, ce n'est pas gênant parce que les restes \og informatiques\fg{} sont congrus aux restes mathématiques modulo la valeur absolue du
768 diviseur, et qu'il ne s'agit alors que du choix d'un représentant de la classe concernée (addition et multiplication étant compatibles avec la congruence modulo $n$).
770 Mais il faut quand même savoir que l'on peut obtenir un \og reste\fg{} négatif et prendre ses dispositions le cas échéant...
773 \subsection{Arithmétique modulo $2^n$}
777 Les calculs sur les entiers, dans un ordinateur, se font dans $\Z/2^n\Z$, où $n$ est le nombre de bits utilisés dans la représentation de ces nombres.
780 Dans la plupart des microprocesseurs, les entiers sont représentés sur 64 bits, les calculs se font donc dans $\Z/2^{64}\Z$.
783 Disposer d'entiers signés ou d'entiers non signés est uniquement une question de choix du représentant dans les classes d'équivalence, mais
784 la représentation physique est la même.
787 Comme il nous est difficile de représenter ici la liste compléte de tous ces entiers, nous allons illustrer ce propos en supposant que les entiers sont représentés sur 4 bits.
788 Pour des mots de 4 bits, il y a alors 16 entiers représentables : (a.s.= arithmétique signée, a.n.s. = arithmétique non signée)
790 \begin{center}\begin{tabular}{|c|c|c|c|} \hline
791 code binaire & & a.s. & a.n.s. \\ \hline
792 0000 & interprété par & 0 & 0 \\ \hline
793 0001 & interprété par & 1 & 1 \\ \hline
794 0010 & interprété par & 2 & 2 \\ \hline
795 0011 & interprété par & 3 & 3 \\ \hline
796 0100 & interprété par & 4 & 4 \\ \hline
797 0101 & interprété par & 5 & 5 \\ \hline
798 0110 & interprété par & 6 & 6 \\ \hline
799 0111 & interprété par & 7 & 7 \\ \hline
800 1000 & interprété par & 8 & -8 \\ \hline
801 1001 & interprété par & 9 & -7 \\ \hline
802 1010 & interprété par & 10 & -6 \\ \hline
803 1011 & interprété par & 11 & -5 \\ \hline
804 1100 & interprété par & 12 & -4 \\ \hline
805 1101 & interprété par & 13 & -3 \\ \hline
806 1110 & interprété par & 14 & -2 \\ \hline
807 1111 & interprété par & 15 & -1 \\ \hline
808 \end{tabular}\end{center}\vskip 10pt
811 Pourquoi ce choix ? Pourquoi ne pas avoir, en a.s., représenté les entiers dans l'ordre croissant de 0000 (-8) à 1111 (7)?
814 \item Tout simplement pour des raisons d'efficacité : 0 doit toujours être représenté par le code \og nul\fg{} 0000.
815 \item Ensuite, il faut pouvoir comparer efficacement ces codes entre eux, ce qui explique que 0 doit être suivi de 1, arithmétique signée ou pas.
820 Ces principes ont ainsi conduit à placer les codes interprétés comme entiers négatifs après ceux qui représentent les entiers positifs.
823 Par ailleurs, on s'aperçoit que, de cette manière, les codes des entiers
824 négatifs commencent tous par 1.
825 On parle improprement de \og bit de signe\fg{}\index{bit de signe}: s'il s'agissait d'un véritable bit de signe, le code 1001 devrait être celui de -1, or c'est celui de -7.
826 Mais il n'en reste pas moins que tous les entiers négatifs commencent par 1).
829 Ainsi, il est facile de déduire la comparaison signée de la comparaison non signée : les codes qui commencent par 1 sont \og plus petits\fg{} que ceux qui commencent par 0, et, s'ils commencent par le même bit, c'est la comparaison non signée qui peut être utilisée.
835 Pour l'addition et la soustraction, les opérations et les tests de validité des résultats sont les mêmes en arithmétique signée et non signée.
836 Pour la multiplication, l'instruction n'est pas la même (le dépassement de capacité doit être ignoré en a.s. dans le dernier exemple).
840 Premiers résultats, corrects :
843 \begin{tabular}{r | r | r}
844 Opération binaire & Entiers non signés & Entiers signés \\
847 \underline{+ 1001} & \underline{+ 9} & \underline{+(-7)} \\
855 Un résultat correct en arithmétique non \break signée, et négatif en arithmétique signée, mais correct modulo 16 (-6 et 10 sont dans la même classe, mais cette classe est représentée par 10 en a.n.s. et par -6 en a.s.) :
857 \begin{tabular}{r | r | r}
858 Opération binaire & Entiers non signés & Entiers signés \\
861 \underline{+ 0110} & \underline{+ 6} & \underline{+ 6} \\
869 Un dépassement de capacité dans les deux cas, mais le résultat est correct modulo 16 : les classes de 21, de -11 et de 5 sont les mêmes :
871 \begin{tabular}{r | r | r}
872 Opération binaire & Entiers non signés & Entiers signés \\
875 \underline{+ 1001} & \underline{+ 9} & \underline{+(-7)} \\
879 Le résultat (correct modulo 16) est disponible dans tous les cas, les \og dépassement de capacité\fg{} et \og résultat négatif\fg{} sont signalés par le positionnement d'un bit dans un registre spécial.
886 Un résultat correct en a.n.s., résultat négatif en a.s., mais correct modulo 16 :
888 \begin{tabular}{r | r | r}
889 Opération binaire & Entiers non signés & Entiers signés \\
892 \underline{$\times$ 0010} & \underline{$\times$ 2} &
893 \underline{$\times$ 2} \\ 1010 & 10 & (-6) \\
900 Dépassement de capacité dans les deux cas, résultat négatif en a.s., mais résultat correct modulo 16, compte tenu du choix des représentants dans les deux arithmétiques:
902 \begin{tabular}{r | r | r}
903 Opération binaire & Entiers non signés & Entiers signés \\
906 \sou{$\times$ 0110} & \sou{$\times$ 6} & \sou{$\times$ 6} \\
907 (1)1110 & 14 & (-2) \\
916 Dépassement de capacité dans les deux cas, résultat correct en a.s., correct modulo 16 en a.n.s.
918 \begin{tabular}{r | r | r}
919 Opération binaire & Entiers non signés & Entiers signés \\
922 \sou{$\times$ 1110} & \sou{$\times$ 14} & \sou{$\times$
923 (-2)} \\ (1011)0110 & 6 & 6 \\
933 \section{Théorème de Bézout}
936 On considère deux nombres entiers strictement positifs $a$ et $b$.
938 \begin{Th}[Théorème de Bézout]
939 \index{théorème!de Bézout}
940 Il existe un couple d'entiers $u$ et $v$ tels que $au-bv=d$, où $d$ est le PGCD de $a$ et de $b$.
944 On peut se ramener au cas où $a \et b=1$.
946 En effet, si $d>1$, on peut écrire $a=a'd$ et $b=b'd$ avec $a' \et b'=1$; si le théorème est établi dans le cas du PGCD égal à $1$, on peut affirmer l'existence de $u$ et de $v$ tels que $a'u-b'v=1$; en multipliant les deux membres de cette égalité par $d$, on obtient $a'du-b'dv=d$,
949 Il suffit donc d'établir le théorème dans le cas où $d=1$ ($a$ et $b$ premiers entre eux). Plaçons nous dans $(\Z/b\Z)^*$ et considérons l'application de cet ensemble dans lui-même définie par $x \fc ax$. Essayons de résoudre $ax=ax'$, soit $a(x-x')=0$, soit encore $a(x-x') \equiv 0[b]$, ou finalement $a(x-x')=kb$, avec $k \in \Z$.
951 Comme $a\et b=1$, $a$ ne divise pas $b$, donc divise $k$; on peut écrire $k=k'a$, il reste $x-x'=k'b$, donc $x \equiv x'[b]$, donc $x=x'$; finalement $ax=ax' \Imp x=x'$, donc l'application envisagée est injective; comme il s'agit d'un ensemble fini, elle est évidemment aussi surjective, donc il existe $u$ tel que $au=1$, ce qui s'écrit encore $au \equiv 1[b]$, ou encore $au=bv+1$, finalement $au-bv=1$.
957 Ce couple n'est pas unique.
959 En effet, si $(u,v)$ est un couple de Bézout pour $(a,b)$, donc tel que $au-bv=d$, où $d=a\et b$, alors, pout tout $k$ dans $\Z$, $a(u+kb)-b(v+ka)= au-bv+kab-kab=au-bv=d$ aussi.
966 Montrez que, si $m$ est multiple de deux nombres premiers entre eux $a$ et $b$, alors $m$ est multiple de $ab$.
969 \noindent Réponse : $1 = aa'+bb'$, donc $m = maa'+mbb'$. Or $m=ax=by$, donc $m = ab(ya'+xb')$.
974 Montrez que, si on divise deux entiers naturels $a$ et $b$ par leur pgcd, alors les quotients obtenus sont premiers entre eux.
976 Réciproquement, montrer que, si les quotients obtenus en divisant $a$ et $b$ par un diviseur commun $d$ sont premiers entre eux, alors $d=pgcd(a,b)$.
979 \noindent Réponse : Soit $d = \textit{PGCD}(a,b)$, et $q_1$ et $q_2$ les quotients de $a$ et $b$ par $d$. Alors $d = aa'+bb' = d q_1 a' + d q_2 b'$. Donc $1 = q_1 a' + q_2 b'$ : $q_1$ et $q_2$ sont premiers entre eux. La réciproque est du même genre.
983 \subsection{Algorithme d'Euclide généralisé}
987 Pour deux entiers positifs $a$ et $b$, on a vu que l'algorithme d'Euclide s'écrit : $a \et b = b \et r$, où $r$ est le reste dans la division euclidienne de $a$ par $b$.
990 En supposant $a>b$, si on pose $a=r_0$ et $b=r_1$, on définit une famille finie $(r_0,r_1,\ldots,r_k,r_{k+1})$ par $r_i=q_{i+1}r_{i+1}+r_{i+2}$ (c'est-à-dire que $r_{i+2}$ est le reste dans la division euclidienne de $r_i$ par $r_{i+1}$).
993 \noindent Cette famille...
995 \item est strictement décroissante,
996 \item est telle que $r_{k+1}=0$,
997 \item vérifie $r_0 \et r_1 = r_1 \et r_2= \ldots = r_{k-1} \et r_k = r_k \et r_{k+1} = r_k \et 0 = r_k$.
1002 On remarque que $r_{k-1}$ est un multiple de $r_k$, puisque la division euclidienne de $r_{k-1}$ par $r_k$ s'écrit $r_{k-1}=q_kr_k$.
1004 Soit $d$ le PGCD de $a$ et de $b$ (évidemment, $d=r_k$), on peut écrire $1 \times r_k-0 \times r_{k-1} = d$ puis $1 \times r_{k-2} - q_{k-1} \times r_{k-1}=d$.
1007 D'une manière générale, si $(u,v)$ est un couple de Bézout pour $r_{i+1}$ et $r_{i+2}$, soit $u \cdot r_{i+1}+v \cdot r_{i+2}=d$, comme $r_i=q_{i+1}\cdot r_{i+1} + r_{i+2}$, on a $u\cdot r_{i+1}+v \cdot (r_i-q_{i+1}\cdot r_{i+1})=d$, soit $(u-q_{i+1}\cdot v)\cdot r_{i+1}+v \cdot r_i=d$.
1009 \subsection{L'algorithme.}
1010 \index{algorithme!d'Euclide!généralisé}
1011 Ceci donne l'idée de construire deux familles par les relations :
1013 \item $u_0=1$, $u_1=0$,$u_{i+2}=u_i-q_{i+1} \cdot u_{i+1}$
1014 \item $v_0=0$, $v_1=1$, $v_{i+2}=v_i-q_{i+1} \cdot v_{i+1}$.
1017 C'est ce que l'on appelle algorithme d'Euclide généralisé. On a alors $(u_k,v_k,r_k)=(u,v,d)$, $u$ et $v$ tels que $a \cdot u+b \cdot v=d$.
1020 Pour cela, il suffit de montrer par récurrence que $\qqs i \in
1021 \{0,\ldots,k\}, r_0 \cdot u_i + r_1 \cdot v_i = r_i$.
1023 \item Initialisation de la récurrence : la relation est vraie pour $i=0$, en effet $r_0 \cdot u_0+r_1 \cdot v_0=r_0$, puisque $u_0=1$ et $v_0=0$.
1024 \item Caractère héréditaire de la propriété : en supposant que $i$ est un entier pour lequel $r_0 \cdot u_i + r_1 \cdot v_i =
1025 r_i$ et $r_0 \cdot u_{i+1}+r_1 \cdot v_{i+1}=r_{i+1}$, calculons $r_0 \cdot u_{i+2}+r_1 \cdot v_{i+2}= r_0 \cdot (u_i-q_{i+1} \cdot u_{i+1}) + r_1 \cdot (v_i-q_{i+1} \cdot v_{i+1}) = r_0 \cdot
1026 u_i+r_1 \cdot v_i-q_{i+1}\cdot (r_0 \cdot u_{i+1}+r_1 \cdot
1027 v_{i+1})=r_i-q_{i+1}\cdot r_{i+1}=r_{i+2}$.
1032 \subsection{Exemple.}
1034 Illustrons la mise en \oe{}uvre de cet algorithme...
1037 Soit à obtenir un couple de Bézout pour (23,17) :\vskip 10pt
1038 \begin{center}\begin{tabular}{c c c c}
1039 (23,1,0) & (17,0,1) & $\longrightarrow$ & $q=1$ \\
1040 (17,0,1) & (6,1,-1) & $\longrightarrow$ & $q=2$ \\
1041 (6,1,-1) & (5,-2,3) & $\longrightarrow$ & $q=1$ \\
1042 (5,-2,3) & (1,3,-4) & $\longrightarrow$ & $q=5$ \\
1043 (1,3,-4) & (0,-17,23) & $\longrightarrow$ & FIN
1044 \end{tabular}\end{center}\vskip 10pt
1045 On a bien $3 \times 23-4 \times 17=1$.\psaut
1049 Il est possible d'obtenir -1 (ou $-d$ en général) comme résultat, donc $au-bv=-1$, cela dépend de la parité du nombre d'itérations effectuées dans l'algorithme précédent.
1051 Ce n'est pas un résultat faux, puisqu'alors $bv-au=1$ et qu'on a quand même un couple de Bézout pour $(b,a)$.
1053 S'il est nécessaire d'obtenir un couple $(u,v)$ tel que $au-bv=1$
1054 et où $a$ et $b$ figurent dans cet ordre, et que l'algorithme a fourni un couple $(u',v')$ tel que $bv'-au'=1$, il suffit de prendre $u=b-u'$ et $v=a-v'$ et, dans ces conditions $au-bv=a(b-u')-b(a-v')= ab -au' -ab +bv'=bv'-au'=1$.
1058 Exprimer $pgcd(1330,602)$ comme combinaison à coefficients entiers des nombres 1330 et 602.
1063 \begin{Theo}[Théorème de Gauss]
1064 Soient $a$, $b$ et $c$ trois entiers naturel non nuls.
1065 Si $a$ divise le produit $bc$ et si $a$ est premier avec $b$,
1066 alors $a$ divise $c$.
1071 L'objectif est de résoudre l'équation $(E)$ d'inconnues $x$ et $y$
1074 \item Trouver le pgcd de 405 et 120 à l'aide de l'algorithme d'Euclide.
1075 \item En déduire une solution particulière de cette équation.
1076 \item En utilisant la solution particulière, montrer que $(E)$ est
1077 équivalente à $27(x-3) = 8(y-10)$.
1078 \item Utiliser le théorème de Gauss pour montrer que
1079 l'ensemble solution de $(E)$ est $\{(8k+3;27k+10)| k \in \Z\}$.
1083 \centerline{\x{Fin du Chapitre}}