2 On se donne deux ensembles $E$ et $F$.
4 \begin{Def}[Relation binaire, graphe]
7 \item l'on a défini une \emph{relation binaire} \index{relation binaire} ${\mathcal{R}}$ entre ces deux ensembles lorsque l'on s'est donné une partie $G$ de l'ensemble produit $E\times F$ ($G\sse E\times F$).
8 \item Cette partie est appelée \emph{graphe} \index{graphe} de la relation binaire.
9 \item Si $x (\in E)$ et $y (\in F)$ sont tels que $(x,y)\in G$, on dit que $x$ est \emph{en relation avec} $y$ par la relation ${\mathcal{R}}$.
14 Pour formaliser cette proposition, on utilise la notation
15 $x {\mathcal{R}} y$ comme suit:
18 $$x {\mathcal{R}} y \Ssi \quad\hbox{[\og x est en relation avec y\fg{} ]}\Ssi
19 (x,y)\in G\quad\hbox{[$G$: graphe de la relation ${\mathcal{R}}$]}.$$
23 On se place dans l'ensemble $E = \{1,2,3,\hdots,20\}$.
25 Représenter, dans le plan rapporté à deux axes de coordonnées rectangulaires, les graphes des relations binaires sur $E$ dont les définitions suivent:
27 \item $x \mathcal{R} y \Longleftrightarrow x \leqslant y$.
28 \item $x \mathcal{R} y \Longleftrightarrow x | y$: $x$ divise $y$.
29 \item $x \mathcal{R} y \Longleftrightarrow x \equiv y[3]$: $x$ est congru à $y$ modulo 3.
30 \item $x \mathcal{R} y \Longleftrightarrow y = x^2$.
38 Lorsque $E=F$, on parle de relation binaire définie dans l'ensemble $E$.
39 Son graphe est une partie de $E^2$.
43 Il est possible que $x \mathcal{R} y$ sans que $y \mathcal{R} x$.
48 A-t-on $y \mathcal{R} x$ quand $x \mathcal{R} y$, dans les relations binaires définies dans l'exercice précédent ?
52 Sur l'ensemble des mots de la langue française, on définit la relation: \og le mot M est lié au mot N s'ils coïncident quand on écrit M à l'envers \fg{}.
54 Déterminer quelques couples de mots en relation, ainsi que des mots en relation avec eux-mêmes. Comment appelle-t-on de tels mots ?
59 Sur l'ensemble $\Z$ des entiers relatifs, on définit deux relations, notées respectivement $\Sigma$ et $\Delta$, de la façon suivante:
61 \item $x \Sigma y$ quand la somme $x+y$ est paire
62 \item $x \Delta y$ quand la différence $x-y$ est paire
66 \noindent\textit{\underline{Réponse: }} $x \Sigma y \Leftrightarrow \exists k \in \Z, x+y = 2k \Leftrightarrow \exists k \in \Z, x+y-2y = 2k-2y = 2(k-y).$
68 Donc $x \Sigma y \Leftrightarrow \exists k' \in \Z, x-y = 2k' \Leftrightarrow x \Delta y.$
71 \section{Application d'un ensemble dans un autre}
73 \subsection{Application et relation fonctionnelle}
76 \begin{Def}[Application]
77 Une \emph{application}\index{application} de l'ensemble $E$ dans l'ensemble $F$ est une relation binaire particulière ${\mathcal{R}}$ entre $E$ et $F$, dont le graphe $G$ doit posséder les propriétés suivantes:
80 \item pour tout élément $x$ de $E$, il doit exister un élément $y$ de $F$ tel que $(x,y)$ soit élément de $G$;
81 \item cet élément $y$ doit être unique.
87 \noindent Voici la formalisation (partielle) de ces propositions:
90 \item $\qqs x\in E,\ \exi y\in F,\ (x,y)\in G$
91 \item $\qqs x\in E,\ \qqs y\in F,\ \qqs y'\in F, [(x,y)\in G\ {\rm et}\ (x,y')\in G \Longrightarrow y=y']$.
96 Il existe un intermédiaire entre relation et application \ldots
98 \begin{Def}[Relation fonctionnelle]
99 On parle de \emph{relation fonctionnelle}\index{relation!fonctionnelle} quand tout élément de l'ensemble de départ possède au plus une image.
103 Une application est donc une relation fonctionnelle particulière : tout élément de l'ensemble de départ possède exactement une image.
108 Parmi les relations suivantes de $\mathbb{R}$ vers $\mathbb{R}$, repérez les relations fonctionnelles, repérez les applications:
110 \item $\mathcal{R} = \{ (x,y) \in \mathbb{R}^2, |y| = \sqrt{x} \}$
111 \item $\mathcal{R} = \{ (x,y) \in \mathbb{R}^2, xy = 1 \}$
112 \item $\mathcal{R} = \{ (x,y) \in \mathbb{R}^2, y-x+2 = 0 \}$
116 %\noindent\textit{\underline{Réponse:}} Les deux dernières sont des relations fonctionnelles, et la dernière est la seule application.
118 \subsection{Image et antécédent d'un élément}
121 On suppose dorénavant que $\mathcal{R}$ est une application. Pour un $x$ donné de $E$, il lui correspond un et un seul $y$ de $F$ qui est en relation avec lui par ${\mathcal{R}}$.
124 Cet unique $y$ est alors appelé \emph{image}\index{image} de $x$ par l'application définie par ${\mathcal{R}}$.
128 Si l'on désigne par $f$ cette application, l'expression \og $y$ est l'image de $x$ par $f$\fg{} est formalisée par $y=f(x)$.
129 De plus, on formalise la proposition \og $f$ est une application de $E$ dans $F$\fg{} par $f: E\vers F$. La proposition \og $y$ est l'image de $x$ par $f$\fg{} peut aussi être traduite par: $f: x \fc y$.
135 Interpréter chacune des situations suivantes au moyen d'une application. Pour cela, on définira deux ensembles $A$ et $B$ ainsi que $f: A\vers B$. Préciser dans chaque cas pourquoi il s'agit bien d'une application.
138 \item Le registre d'un hôtel qui possède 55 chambres.
139 \item Le numéro d'INSEE.
140 \item La parité d'un entier naturel.
146 Réciproquement, soit $f$ une application\ldots
148 \begin{Def}[Antécédent]
149 Si $y$ est l'image de $x$ par $f$, alors $x$ est appelé un \emph{antécédent} \index{antécédent} de $y$ par $f$.
152 Un quelconque élément $y$ de $F$ ne possède pas forcément d'antécédant par une application $f : E \longrightarrow F$. Et il n'y a pas forcément unicité quand il en possède : un $y$ de $F$ peut avoir plusieurs antécédants par une application $f$.
154 Les cas particuliers où tout $y$ de $F$ possède au plus un antécédant, et au moins un antécédant, sont étudiés dans les deux sections suivantes.
156 \subsection{Applications injectives}
160 \begin{Def}[Injectivité]
161 L'application $f:E \longrightarrow F$ est dite \emph{injective} \index{application!injective} quand tout $y \in F$ possède au plus un antécédant par $f$.
166 Le terme injection\index{injection} est synonyme d'\og application injective\fg{}.
169 L'injectivité d'une application peut se caractériser de la manière suivante.
171 \begin{Th}[Caractérisation des fonctions injectives]
172 $$\hbox{\og $f:E \longrightarrow F$ est une application injective\fg{} } \Longleftrightarrow [ \forall x,x' \in E, f(x)=f(x') \Imp x=x' ]$$
176 Prouver, en utilisant la caractérisation ci-dessus, que les applications suivantes sont injectives :
178 \item $f : \R \longrightarrow \R, x \fc 2x+3$.
179 \item $f : \mathbb{R}^+ \longrightarrow \R, x \fc 3 x^2 +1$.
185 Prouver, en utilisant la caractérisation ci-dessus, que les applications suivantes ne sont pas injectives :
187 \item $f : \R \longrightarrow \R, x \fc |x|$.
188 \item $f : \R \longrightarrow \R, x \fc x^2$.
194 Tracez le graphe d'une application qui est injective, et d'une application qui ne l'est pas. Trouver une caractérisation de l'injectivité d'une application $f :E \longrightarrow F$, à partir du nombre d'intersections entre la courbe $\mathcal{C}_f$ et les droites verticales $y=b, b\in F$.
199 Soit $f:E \longrightarrow F$ une application injective. Peut-elle perdre ce caractère injectif si on réduit l'ensemble d'arrivée ? Et si l'on réduit l'ensemble de départ ?
201 Que se passe-t-il si l'on change «réduit» en «augmente» dans les précédentes questions ?
206 On suppose $g o f$ injective. Montrer que $f$ est injective. Est-ce que $g$ est obligatoirement injective ?
210 \subsection{Applications surjectives}
212 La définition d'une application $f$ exige seulement que chaque élément $x$ de $E$ admette une image (unique) $y$ dans $F$, mais pas que tout élément $y$ de $F$ admette un antécédent dans $E$.
213 S'il en est néanmoins ainsi, l'application est dite \emph{surjective}:
215 Une application \emph{surjective}\index{application!surjective} $f: E\vers F$ est une application telle que tout $y$ de $F$ admette un antécédent dans $E$.
219 \emph{Surjection} est synonyme d'\og application surjective\fg{}. \index{surjection}
224 Tracez le graphe d'une application qui est surjective, et d'une application qui ne l'est pas.
228 Donnez des exemples (sous forme analytique) de fonctions surjectives, et de fonction qui ne le sont pas.
231 \subsection{Image d'un ensemble par une application}
233 D'une manière générale, on peut considérer l'ensemble des images des éléments de $E$ par une application $f$ de $E$ dans $F$ (ils en ont tous une, et une seule).
235 \begin{Def}[Image d'un ensemble par une application]
236 Cet ensemble, qui est évidemment une partie de $F$, est noté $f<E>$, et est appelé \emph{image de $E$ par $f$}: $$f<E>=\{f(x)\in F \mid x\in E\}$$
241 Si tous les éléments de $F$ ont un antécédent dans $E$ ($f$ est surjective), cela signifie que tout élément de $F$ est élément de $f<E>$, donc que $F\sse f<E>$. Comme on a remarqué par ailleurs que $f<E>\sse F$, on a, dans ce cas, $f<E>=F$.
246 Cette dernière remarque permet la formalisation suivante:
248 \begin{Th}[Caractérisation de la surjectivité]
249 $$\hbox{\og $f$ est (une application) surjective\fg{} } \Ssi f<E>=F$$
254 Soit l'application \og élévation au carré \fg{} $f: x \longmapsto x^2$ de $\R$ dans $\R$. Elle est:
256 \item non surjective: $f < \R > = \R^+$,
257 \item non injective: $f(-2) = f(2) = 4$.
262 On suppose $g o f$ surjective. Montrer que $g$ est surjective. Est-ce que $f$ est obligatoirement surjective ?
265 \subsection{Applications bijectives}
268 \begin{Def}[Applications bijectives]
269 Une application qui est à la fois injective et surjective est dite \emph{bijective} \index{application!bijective}.
274 Synonyme d'\og application bijective\fg{}: bijection\index{bijection}.
278 Dans chaque cas, dire si l'application $f:A \vers B$ est injective, surjective ou bijective.
281 \item $A = \R, B = \R, f(x) = x+7$
282 \item $A = \R, B = \R, f(x) = x^2+2x-3$
283 \item $A = \{ x \in \R | 4 \leqslant x \leqslant 9 \}, B = \{ x \in \R | 21 \leqslant x \leqslant 96 \}, f(x) = x^2+2x-3$
284 \item $A = \R, B = \R, f(x) = 3x-2|x|$
285 \item $A = \R, B = \R, f(x) = e^x+1$
286 \item $A = \N, B = \N, f(x) = x(x+1)$
292 Dans le cas d'une bijection, à chaque élément $x$ de $E$ correspond un et un seul élément $y$ de $F$ (définition d'une application) et, réciproquement, à chaque (surjectivité) élément $y$ de $F$ correspond un et un seul (injectivité) élément $x$ de $E$.
296 Cette dernière proposition est précisément l'affirmation de l'existence d'une application $g$ de $F$ dans $E$, telle que $x = g(y) \Longleftrightarrow f(x) = y $.
301 \begin{Def}[Application inverse]
302 Cette application est appelée \emph{application inverse}\index{application!inverse} de l'application $f$.
310 Reprendre l'exercice précédent, en trouvant l'application réciproque des applications bijectives.
315 % On peut démontrer que la bijectivité est une condition nécessaire et suffisante pour qu'une application admette une inverse.
319 Soit l'application \og multiplication par 2 \fg{} $f: x \longmapsto 2 x$ de $\R$ dans $\R$. Elle est surjective et injective.
320 Elle admet donc une application inverse: $f^{-1}: x \longmapsto \dfrac{x}{2}$.
324 Soit $f: \Z \vers \Z$ définie par $f(n) = n + (-1)^n$.
326 \item Montrer que $n$ et $f(n)$ sont toujours de parité différente.
327 \item Montrer que $f$ est bijective.
328 \item Calculer $f(f(n))$. En déduire une expression de $f^{-1}$ et résoudre l'équation $347 = n+(-1)^n$.
334 \section{Cardinal et puissance d'un ensemble}
336 Il s'agit ici de proposer une réflexion sur la notion intuitive de \og nombre d'éléments d'un ensemble\fg{}, nécessaire pour pouvoir aborder ultérieurement les notions de dénombrabilité et de calculabilité, fondamentaux en informatique.
339 \subsection{Cas des ensembles finis}
342 On commence par prendre deux ensembles $E=\{a,b,c,d\}$ et $F=\{1,2,3\}$ et à remarquer que:
344 \item il est possible de définir une injection de $F$ dans $E$, mais pas une surjection,
345 \item de définir une surjection de $E$ sur $F$, mais pas d'injection,
347 \ldots tout simplement parce qu'il n'y a \og pas assez\fg{} d'éléments dans $F$ (ou \og trop\fg{} dans $E$).
350 Si l'on veut pouvoir définir une bijection entre deux ensembles, il semble nécessaire et suffisant qu'ils aient le même \og nombre d'éléments\fg{} (on se limite ici au domaine fini).
351 Cette notion intuitive, résultat immédiat d'une simple opération de comptage, est reliée à la notion mathématique de mise en bijection avec une partie de $\Net$ de la forme $\{1\vir 2\vir\ldots\vir n\}$.
352 Ainsi, pour $n\in\Net$ donné, les ensembles à $n$ éléments sont tous ceux qui peuvent être mis en bijection avec $\{1\vir 2\vir\ldots\vir n\}$ (et, par convention, $\varnothing$ a 0 élément).
355 \begin{Def}[Cardinal d'un ensemble fini]
356 L'élément maximum $n$ de la partie finie $P=\{1\vir 2\vir\ldots\vir n\}$ de $\Net$ est un représentant du \emph{cardinal} \index{ensemble!cardinal}\index{cardinal} de tout ensemble en bijection avec $P$.
361 Pas de problème donc lorsque l'on s'en tient aux ensembles finis, dont la définition mathématique est:
364 \begin{Def}[Ensemble fini]
365 Un ensemble est dit fini\index{ensemble!fini} s'il ne peut pas être mis en bijection avec une partie stricte de lui-même.
369 \subsection{Cas des ensembles infinis}
373 Lorsque l'on se pose la question du \og nombre d'éléments\fg{} d'un ensemble infini, on peut être tenté, dans un premier temps, de répondre par \og une infinité\fg{}, ce qui n'est pas satisfaisant pour au moins deux raisons:
376 \item jusqu'à présent, le \og nombre d'éléments\fg{} était un entier, et l'infini n'est pas un nombre entier,
377 \item cela laisserait supposer que tous les ensemble infinis ont le même \og nombre d'éléments\fg{}
382 Une réflexion plus appronfondie apparaît comme nécessaire. On décide donc de se calquer sur le domaine fini\ldots
385 \begin{Def}[Puissance d'un ensemble infini]
386 Deux ensembles ont \emph{même puissance}\index{ensemble!puissance}\index{puissance!d'un ensemble} (\og même nombre d'éléments\fg{}) si l'on peut les mettre en bijection.
392 Il existe des bijections entre $\N$ et l'ensemble des entiers pairs ($2\N$) ou impairs ($2\N+1$), qui conduisent à des formulations du style \og il y a autant d'entiers que d'entiers pairs \fg{}.
397 $(2\N) \cup (2\N+1) = \N$, bien que ces trois ensembles \og on le même nombre d'éléments \fg{}, les deux premiers étants disjoints \ldots \'A rapprocher de $\infty\plinf=\infty$.
402 Pour ce genre de raisons, on a tendance à abandonner ce vocabulaire (sur les nombres d'individus) pour dire simplement que ces ensembles ont même puissance.
407 \subsection{Puissance d'un ensemble infini}
410 Si $E$ est un ensemble infini, le résultat fondamental est:
413 Il est impossible de définir une surjection de $E$ sur $\mathcal{P}(E)$.
420 Ce résultat montre que, même si $E$ est un ensemble infini, il ne peut être mis en bijection avec ${\cal P}(E)$, qui a donc \og strictement plus d'éléments\fg{} que $E$.
421 Conséquemment, $\N$ et ses parties infinies, $\Z$, et même $\Q$ ont tous la même puissance, dite \emph{puissance du dénombrable} \index{puissance!du dénombrable}. Mais\ldots
424 \begin{Def}[Puissance du continu]
425 ${\cal P}(\N)$ n'est pas dénombrable, et est de puissance strictement supérieure, dite \emph{puissance du continu}\index{puissance!du continu}, dite
426 \emph{puissance de $\R$}.
430 \noindent De même, ${\cal P}(\R)$ est de puissance strictement supérieure à $\R$, et ainsi de suite\ldots
433 $\R$ est indénombrable.
436 \begin{Pre}[Démonstration de Cantor]
437 Supposons que $\mathbb{R}$ soit dénombrable.
438 On pourrait alors écrire la liste de TOUS les réels,
439 à partir du premier, en écriture décimale $r_1$, $r_2$, $r_3$, etc.
441 On choisit pour les nombres décimaux l'écriture qui ne comporte que des zéros à partir d'un certain rang, s'il y a ambiguïté.
442 Ainsi, l'on préférera l'écriture 1 à 0,9999999\ldots \ldots (ces nombres sont égaux ; c'est-à-dire que l'on a affaire ici à deux représentations décimales d'un même nombre).
445 Construisons alors le nombre $S$ de la manière suivante:
447 \item sa partie entière est 0,
448 \item et pour sa partie décimale,
450 \item le premier chiffre est différent du premier chiffre après la virgule de $r_1$,
451 \item le deuxième chiffre est différent du deuxième chiffre après la virgule de $r_2$,
456 Le nombre $S$ ne fait alors pas partie de la liste des réels, ce qui est contradictoire: l'hypothèse $\mathbb{R}$ dénombrable (on peut numéroter tous les réels avec $\mathbb{N}$) est erronée.
458 \section{Relations d'ordre}
459 Dans ce paragraphe, on se place dans le cas où $E=F$.
460 Soit ${\mathcal{R}}$ une relation binaire définie dans un ensemble $E$, de graphe $G$.
462 \subsection{Réflexivité, antisymétrie, transitivité}
465 \begin{Def}[Réflexivité]
466 ${\mathcal{R}}$ est dite \emph{réflexive} \index{relation!réflexive} quand tout élément de $E$ est en relation avec lui-même:
467 $$\qqs x\in E,\ (x,x)\in G$$
472 C'est-à-dire $\qqs x\in E,\ x {\mathcal{R}} x$, ou encore: la diagonale de $E^2$ est incluse dans $G$.
477 \begin{Def}[Antisymétrie]
478 ${\mathcal{R}}$ est dite \emph{antisymétrique} \index{relation!antisymétrique} si, lorsque $x$ est en relation avec $y$, alors $y$ ne peut pas être en relation avec $x$ (sauf si $x=y$):
480 $$\qqs x\in E,\ \qqs y\in E,\ (x,y)\in G ~{\rm et}\ (y,x)\in G\ \Imp x=y$$
485 C'est-à-dire $\qqs(x,y)\in E^2,\ x {\mathcal{R}} y\ {\rm et}\ y {\mathcal{R}} x\Imp\ x=y$.
490 \begin{Def}[Transitivité]
491 ${\mathcal{R}}$ est dite \emph{transitive} \index{relation!transitive} lorsque, si $x$ est en relation avec $y$, et si $y$ l'est avec $z$, alors $x$ est en relation avec $z$:
492 $$\qqs x\in E,\qqs y\in E,\ \qqs z\in E,\ (x,y)\in G\ {\rm et}\ (y,z)\in G
498 C'est-à-dire: $\qqs x\in E,\ \qqs y\in E,\qqs z \in E,\ x {\mathcal{R}} y\ {\rm et}\ y {\mathcal{R}} z \Imp x {\mathcal{R}} z$.
503 Les relations suivantes sont-elles réflexives, antisymétriques ou transitives ?
505 \item $A = \mathbb{R}$ et $x \mathcal{R} y$ si $|x| = |y|$.
506 \item $A = \mathbb{R}$ et $x \mathcal{R} y$ si $sin^2 x + \cos^2 y = 1 $.
507 \item $A = \mathbb{N}$ et $x \mathcal{R} y$ s'il existe $p$ et $q$ entiers tels que $y = p x^q$.
508 \item $A$ est l'ensemble des points du plan, et $x \mathcal{R} y$ si la distance de $x$ à $y$ est inférieure à 52,7 km.
514 Sur un ensemble à $n$ éléments, combien y a-t-il de relations\ldots
524 Déterminer quand une relation $\mathcal{R}$ dans un ensemble $A$ est
527 \item non symétrique,
528 \item non transitive,
529 \item non antisymétrique.
535 Donner des exemples de relation $\mathcal{R}$ dans $\{1,2,3\}$ ayant les propriétés suivantes:
537 \item $\mathcal{R}$ est symétrique,
538 \item $\mathcal{R}$ n'est ni symétrique ni antisymétrique,
539 \item $\mathcal{R}$ est transitive mais $\mathcal{R} \cup \mathcal{R}^{-1}$ n'est pas transitive.
545 Soit $\mathcal{R}$ et $\mathcal{S}$ deux relations dans $A$.
547 \item Montrer que si $\mathcal{R}$ et $\mathcal{S}$ sont transitives alors $\mathcal{R} \cap \mathcal{S}$ est transitive.
548 \item Si $\mathcal{R}$ est antisymétrique alors $\mathcal{R} \cap \mathcal{S}$ est antisymétrique.
553 \subsection{Relation d'ordre}
555 \begin{Def}[Relation d'ordre]
556 ${\mathcal{R}}$ est une \emph{relation d'ordre}\index{relation!d'ordre} lorsqu'elle est réflexive, antisymétrique et transitive.
560 \begin{Ex}[Exemples de relations d'ordre]
561 Quelques relations d'ordre:
563 \item $(\R,\leqslant)$
564 \item $({\cal P}(E),\sse)$
568 \begin{Ex}[Relation de divisibilité]
569 On note $a|b$ si et seulement si $b$ est un multiple de $a$ ($\exists k \in \Net, b=ka$).
571 C'est une relation d'ordre définie dans $\Net$. En effet, elle est
574 \item[reflexive:] $a=1a$, donc $a|a$ est vrai,
575 \item[antisymétrique:] si $a|b$ et $b|a$, alors $\exists k,k' \in \Net, a=kb$ et $b=k'a$. Donc $a = kk' a$. Comme $a \neq 0$, $kk'=1$. Mais $k,k' \in \Net$, donc $k = k' = 1$, et $a = b$.
576 \item[transitive:] si $a|b$ et $b|c$, alors alors $\exists k,k' \in \Net, a=kb$ et $b=k'c$. Donc $a = k k' c$: il existe $k'' \in \Net$ ($k''=k k'$) tel que $a = k''c$: $a|c$.
582 La structure algébrique constituée par l'ensemble $E$, muni de la
583 relation d'ordre ${\mathcal{R}}$, (c'est-à-dire: le couple $(E,{\mathcal{R}})$) est
584 celle d'\emph{ensemble ordonné}\index{ensemble!ordonné}.
588 \subsection{Ordre partiel, ordre total}
590 Une relation d'ordre définie dans un ensemble $E$ peut posséder une propriété supplémentaire, celle selon laquelle tous les éléments de $E$ sont comparables entre eux.
591 On formalise comme suit:
594 \begin{Def}[Relation d'ordre totale]
595 Une relation d'ordre qui possède cette dernière propriété est dite relation d'\emph{ordre total}\index{relation!d'ordre!totale}, et la structure algébrique correspondante est celle d'\emph{ensemble totalement ordonné}\index{ensemble!totalement ordonné}.
600 Cette propriété est aussi équivalente à: $$\qqs x\in E,\ \qqs y\in E,\ x\ {\mathcal{R}}\ y\ {\rm ou}\ y {\mathcal{R}} x$$
601 \noindent ou encore: \og si $x$ n'est pas en relation avec $y$, alors $y$ est en relation avec $x$ \fg{}.
605 \begin{Def}[Relation d'ordre partiel]
606 Dans le cas contraire, il existe des éléments qui ne sont pas comparables: on parle alors d'\emph{ordre partiel} \index{relation!d'ordre!partiel}.
611 $\leqslant$ est une relation d'ordre totale dans $\R$.
615 $\subset$ dans $\mathcal{P}(E)$, et $|$ dans $\N$ sont des relations d'ordre partiels.
621 Parmi les relations suivantes sur l'ensemble $E$, repérez les relations d'ordre, les relations d'ordre total:
623 \item $E = \mathbb{Z}$, $x \mathcal{R} y \Leftrightarrow \exists k \in \mathbb{N}: x = y^k$.
624 \item $E = \mathbb{N}$, $x \mathcal{R} y \Leftrightarrow x<y$.
625 \item $E = \mathbb{R}$, $x \mathcal{R} y \Leftrightarrow x^2 = y^2$.
626 \item $E = \mathbb{R}^2$, $(x_1,x_2) \mathcal{R} (y_1,y_2) \Leftrightarrow (x_1 \leqslant y_2) \et (x_2 \leqslant y_1)$.
633 Tenter de caractériser par son graphe une relation d'ordre (partiel, total).
638 Définir, par leurs graphes, les relations d'ordre dans E qui comportent respectivement le moins et le plus possible de points; que peut-on dire de ces relations?
647 \subsection{\'Eléments maximaux}
649 Soit $(E,{\mathcal{R}})$ un ensemble ordonné et $A$ une partie de $E$. Quelques définitions\ldots
652 \begin{Def}[Majorant]
653 On appelle \emph{majorant} \index{majorant} de $A$ tout élément $M$ de $E$ tel que, quel que soit $a\in A$, $a{\mathcal{R}}M$.
657 \begin{Def}[Partie majorée]
658 La partie $A$ de $E$ est dite \emph{majorée}\index{partie majorée} s'il existe un majorant de $A$.
662 Trouvez des exemples de majorants et de parties majorées sur
669 Il existe des parties non majorées ($\mathcal{R}^+$ pour $\leqslant$ dans $\R$)
673 Il peut exister une infinité de majorants pour une partie majorée.
677 \begin{Def}[Minorant]
678 On appelle \emph{minorant} \index{minorant} de $A$ tout élément $m$ de $E$ tel que, quel que soit $a\in A$, $m{\mathcal{R}}a$.
680 On parle aussi de partie minorée.
684 Trouvez des exemples de minorants et de parties minorées sur
691 \begin{Def}[Élément maximum]
692 On appelle \emph{élément maximum} \index{maximum} de $A$ un élément de $A$ qui est majorant de $A$.
696 Trouvez des exemples d'élément maximum sur $\mathbb{N}$ et
705 Si $A$ est non majorée, il est exclu qu'elle admette un élément maximum.
706 Cet élément maximum n'existe pas toujours, même pour une partie majorée. Ainsi, l'intervalle réel ]2,3[ est majoré, mais n'a pas d'élément maximum.
707 Cependant, s'il existe, cet élément est unique.
712 \begin{Def}[Élément minimum]
713 On appelle \emph{élément minimum} \index{minimum} de $A$ un élément de $A$ qui est minorant de $A$.
721 \begin{Exo}Etant donné
723 ordonné selon la relation
729 Trouver $\min A$ et $\max A$.
734 \begin{Def}[Borne supérieure]
735 On appelle \emph{borne supérieure}\index{borne!supérieure} de $A$ l'élément minimum, s'il existe, de l'ensemble des majorants de $A$.
744 \begin{Def}[Borne inférieure]
745 On appelle \emph{borne inférieure}\index{borne!inférieure} de $A$ l'élément maximum de l'ensemble des minorants de $A$.
756 Trouvez des exemples de bornes sup et de bornes inf sur $\R$.
759 \begin{Exo}[Relations d'ordre en Algèbre de Boole]
760 Soit $\cal A$ une algèbre de Boole.
762 On considère la relation binaire, de symbole $<$, définie par $$a<b \Ssi a+b=b.$$
764 \item Montrer qu'il s'agit d'une relation d'ordre.
765 \item Montrer que $a<b\ \Ssi\ a\cdot b=a$.
766 \item Montrer que, $\forall (a,b,c)\in {\cal A}^3,\ b\cdot c<a\cdot b+{\sur a}\cdot c$.
767 \item On définit la relation binaire $\sse$ par: $a\sse b$ si et seulement si
768 $a\cdot{\sur b}=0$; montrer que c'est une relation d'ordre.
769 \item Comparer $<$ et $\sse$.
770 \item En utilisant l'une ou l'autre des définitions ci-dessus pour la relation d'ordre, trouver,
771 lorsqu'ils existent, les éléments $\sup \{a,b\}$ et $\inf \{a,b\}$.
772 Trouver $\max {\cal A}$ et
780 % \begin{Exo}[Une relation d'ordre]
781 % On considère l'ensemble des points d'un plan affine euclidien, et on y définit une relation binaire (symbole $\leqslant $) par $P_1\leqslant P_2 \Ssi (x_1\leqslant x_2\ {\rm et}\ y_1\leqslant y_2)$.
784 % \item Définir, lorsqu'ils existent, les points $\sup\{P_1,P_2\}$ et $\inf\{P_1,P_2\}$.
785 % \item Existent-ils toujours, quels que soient les points $P_1$ et $P_2$ ?
794 \item dans certains cas, les éléments définis ici n'existent pas,
796 \item que l'élément maximum est aussi borne supérieure.
799 \noindent Et finalement, pour une partie $A$ d'un ensemble ordonné $E$:
802 \item $A$ peut ne pas être majorée.
803 \item Si $A$ est majorée, elle peut ne pas admettre de borne supérieure.
804 \item Si $Sup A$ existe ($A$ est majorée), $A$ peut ne pas admettre d'élément maximum.
805 \item Si $Max A$ existe, alors $Sup A = Max A$.
808 \noindent\ldots et on a les mêmes résultats pour les parties minorées.
815 Cas de $E=\{x\in\Q\mid x\leqslant 32\}$.
817 \item ensemble majoré de nombres réels
818 \item 56, 32 sont majorants
819 \item ensemble $E'$ des majorants: $E'=\{y\in\Q\mid y\geqslant 32\}$
821 \item $\min E'=32$, donc $\sup E=32$.
826 Cas de $E=\{x\in\Q\mid x<32\}$.
828 \item ensemble majoré de nombres réels
829 \item 56, 32 sont majorants
830 \item ensemble $E'$ des majorants: $E'=\{y\in\Q\mid y\geqslant 32\}$
831 \item $E$ n'a pas d'élément maximum
832 \item $\min E'=32$, donc $\sup E=32$.
837 Etant donné $A=\{1,2,3,4,\ldots\}= \N \setminus\{1\}$ ordonné par
838 \og $x$ divise $y$ \fg{}.
840 \item Trouver tous les éléments minimaux;
841 \item Trouver tous les éléments maximaux.
846 Soit $W=\{1,2,3,4,\ldots,8\}$ ordonné comme à la figure~\ref{fig:ordre:10.6} et
847 le sous-ensemble $V=\{4,5,6\}$ de $W$.
849 \item Trouver l'ensemble des majorants de $V$;
850 \item Trouver l'ensemble des minorants de $V$;
851 \item $\sup(V)$ et $\inf(V)$ existent-ils ?
856 \includegraphics[width=3cm]{ensembles/relExo.eps}
858 \caption{Relation d'ordre particulière\label{fig:ordre:10.6}}
864 \subsection{Treillis}
866 %\subsubsection{Cas des ensembles totalement ordonnés}
868 Dans un ensemble totalement ordonné, si l'on choisit une paire d'éléments quelconques $(x,y)$ il est possible de décider lequel est le plus petit et lequel est le plus grand.
869 Ainsi, l'ensemble $\{x\vir y\}$ admet un élément minimum et un élément maximum;
870 ces deux éléments sont aussi (respectivement) borne inférieure et supérieure, on peut écrire $\inf\{x\vir y\}=x$ et $\sup\{x\vir y\}=y$.
871 L'existence de ces deux éléments est assurée, ce qui n'est pas le cas dans un ensemble qui n'est que partiellement ordonné.
876 Dans des ensembles partiellement ordonnés,
877 il existe cependant des paires d'éléments $(x,y)$ qui ne sont pas comparables.
878 Pour une telle paire, les éléments $\min\{x\vir y\}$ et $\max\{x\vir y\}$ ne sont pas définis.
879 Néanmoins, il se peut que les éléments $\inf\{x\vir y\}$ et
880 $\sup\{x\vir y\}$ soient eux définis.
884 Si cette propriété est vérifiée pour tous les couples d'éléments $(x,y)$, alors l'ensemble est un treillis:
887 \begin{Def}[Treillis]
888 Un ensemble ordonné est un \emph{treillis} \index{treillis} lorsque toute partie finie admet une borne sup et une borne inf.
892 Il suffit que la propriété soit vraie pour deux éléments distincts (\emph{i.e.} une partie à deux éléments) pour qu'elle soit vrai pour toutes les parties finies. (On l'admettra).
896 % Démontrez l'assertion de la remarque précédente.
900 \begin{Def}[Treillis complet]
901 Si la propriété est vrai pour toute partie, alors le treillis est dit \emph{complet}\index{treillis!complet}.
906 Un ensemble totalement ordonné est toujours un treillis.
911 Cette notion n'offre un intérêt que dans le cas d'un ensemble partiellement ordonné, car l'existence d'une borne inférieure et d'une borne supérieure pour tout couple (et donc pour toute partie finie) permet de les comparer aux autres par l'intermédiaire de ces bornes, même si on ne peut pas les comparer entre eux.
914 En effet, on a toujours $\inf\{x\vir y\}\leqslant x\leqslant \sup\{x\vir
915 y\}$ et $\inf\{x\vir y\}\leqslant y\leqslant \sup\{x\vir y\}$ (on reprend les exemples vus plus haut).
921 \begin{Exo}[Diagrammes de transitivité]
924 \item $E=\{1\vir 2\vir 3\vir 4\vir 5\vir 6\vir 7\vir 8\vir 9\}$ et on
925 définit la relation binaire $\mathcal{R}$ dans $E$ par son graphe
926 $G=\{ $ (1,1), (1,2), (1,3), (1,4), (1,5), (1,6), (1,7), (1,8), (1,9), (2,2), (2,3), (2,4), (2,6), (2,8), (2,9), (3,3), (4,3), (4,4), (4,6), (4,8), (4,9), (5,3), (5,4), (5,5), (5,6), (5,7), (5,8),
927 (5,9), (6,6), (6,8), (6,9), (7,7), (7,8), (7,9), (8,8), (9,9) $\}$
928 (c'est-à-dire: $1{\mathcal{R}}1$, etc\ldots). Montrer que cette relation est une relation d'ordre. $E$ est-il totalement ordonné par cette relation ?
931 \item Mêmes questions pour $E'=\{1\vir 2\vir 3\vir 4\vir 5\vir 6\}$ et
932 $G'=\{$ (1,1), (1,2), (1,3), (1,4), (1,5), (1,6),
933 (2,2), (2,4), (2,5), (2,6), (3,3), (3,4), (3,6), (4,4), (4,6), (5,5), (5,6), (6,6)$\}$.
943 \section{Relations d'équivalence}
946 On se place encore dans ce paragraphe dans le cas où $E=F$.
947 Soit ${\mathcal{R}}$ une relation binaire définie dans un ensemble (non vide) $E$, de graphe $G$.
949 \begin{Def}[Relation symétrique]
950 ${\mathcal{R}}$ est dite \emph{symétrique} \index{relation!symétrique} si, dès que $x$ est en relation avec $y$, alors $y$ est en relation avec $x$
951 $$\qqs x\in E,\ \qqs y\in E, (x,y)\in G \Imp (y,x)\in G$$
957 Ou encore: $\qqs x\in E, \qqs y\in E,\ x {\mathcal{R}} y \Imp y {\mathcal{R}} x$.
962 Est-ce qu'une relation sur un ensemble A dont le graphe est constitué uniquement de couples (x,x) est symétrique ? transitive ?
968 \begin{Def}[Relation d'équivalence]
969 ${\mathcal{R}}$ est une relation d'équivalence lorsqu'elle est réflexive, symétrique et transitive.
974 L'égalité est une relation d'équivalence.
979 \begin{Ex}[Relation de congruence modulo $n$ dans $\Z$]
980 Par définition: $$x\equiv y\ [n]
981 \hbox{(lire: \og $x$ est congru à $y$ modulo $n$\fg{} )} \Ssi
982 \exi k\in\Z,\ x-y=k\cdot n$$.
984 \item réflexivité: $x\equiv x [n]$: en effet, $x-x=0\cdot n$, et
986 \item symétrie: si $x\equiv y\ [n]$, $\exists k\in\Z$, $x-y=k\cdot n$;
987 alors $y-x=(-k)\cdot n$; or, si $k\in\Z$, $(-k)\in\Z$, donc $y\equiv x\
989 \item transitivité: si $x\equiv y\ [n]$ et $y\equiv z\ [n]$, $\exi
990 k\in\Z$, $x-y=k\cdot n$ et $\exi l\in\Z$, $y-z=l\cdot n$. En
991 aditionnant membre à membre ces deux égalités, on obtient
992 $x-z=(k+l)\cdot n$, or $(k,l)\in\Z^2$, donc $k+l \in\Z$, donc
995 C'est bien une relation d'équivalence.
1001 Sur $\mathbb{Z}$, on écrit \og $x \mathcal{R} y$ quand $x+y$ est pair. \fg{}
1003 Montrez que $\mathcal{R}$ est une relation d'équivalence.
1007 Sur $\mathbb{R}$, on définit la relation \og $x \mathcal{R} y$ quand
1008 $\cos(2x)=\cos(2y)$\fg{}.
1010 Montrez que $\mathcal{R}$ est une relation d'équivalence.
1018 \subsection{Classes d'équivalence}
1021 \begin{Def}[Classe d'équivalence]
1022 Soit $x$ un élément de $E$, et $\mathcal{R}$ une relation d'équivalence sur $E$.
1023 On appelle \emph{classe d'équivalence} \index{classe d'équivalence} de cet élément l'ensemble des éléments de $E$ qui sont en relation avec $x$ (on dit encore: \og qui sont équivalents à $x$ \fg{}).
1030 On note $\dot x$ la classe de l'élément $x$: $\dot x=\{y\in E \mid y {\mathcal{R}} x\}$
1035 Trouvez les classes d'équivalences des deux exercices précédents.
1039 On définit une relation sur l'ensemble des mots de la langue française de la façon suivante: \og le mot $M$ est lié au mot $N$ si $N$ est une anagramme\index{anagramme}\footnote{Mot obtenu par transposition des lettres d'un autre mot. Une anagramme intéressante: aimer - Marie. Le pseudonyme de Alcofribas Nasier est, à peu près, l'anagramme de François Rabelais.} de $M$.\fg{}
1040 Quelle est la classe d'équivalence du mot chien?
1048 Une classe d'équivalence n'est jamais vide.
1052 En effet, la classe de $x$ contient toujours au moins l'élément $x$ lui-même, par réflexivité.
1058 L'intersection de deux classes d'équivalence distinctes est vide.
1062 On dit aussi que les classes sont deux à deux disjointes.
1067 On considère deux classes, $\dot x$ et $\dot y$, soit $z\in\dot x\inter\dot y$; $\qqs t\in\dot x$, on a $(t,x)\in G$; mais
1068 $z\in\dot x$, donc $(z,x)\in G$, donc (symétrie) $(x,z)\in G$, donc
1069 (transitivité) $(t,z)\in G$; mais $z\in\dot y$, donc $(z,y)\in G$, donc
1070 (transitivité) $(t,y)\in G$, donc (finalement) $t\in\dot y$, et donc
1071 $\dot x\sse\dot y$; raisonnement analogue pour tout $t\in\dot y$, qui
1072 aboutit à $\dot y\sse\dot x$, et enfin (par double inclusion)
1073 $\dot x=\dot y$; si deux classes ont un élément commun, elles sont
1074 confondues; donc deux classes distinctes sont disjointes).
1077 \begin{Def}[Partition d'un ensemble]
1078 Une \emph{partition}\index{partition} d'un ensemble $E$ est une famille de sous-ensembles de $E$, 2 à 2 disjoints, et dont la réunion est égale à E$.$
1084 Les classes d'équivalence réalisent une partition de $E$.
1088 Comme les classes sont des parties de $E$, leur réunion est une partie de
1091 Réciproquement, tout élément de $E$ appartient à une classe (\og tout élément est classé\fg{}). Donc $E$ est une partie de la réunion des classes; et $E$ est égal à la réunion des classes.
1095 On reprend la congruence modulo $n$, par exemple pour $n = 4$.On a:
1097 $\dot 0=\{\ldots,-12,-8,-4,0,4,8,12,\ldots\}$
1099 $\dot 1=\{\ldots,-11,-7,-3,1,5,9,13,\ldots\}$
1101 $\dot 2=\{\ldots,-10,-6,-2,2,6,10,14,\ldots\}$
1103 $\dot 3=\{\ldots,-9,-5,-1,3,7,11,15,\ldots\}$
1110 Soit $\mathcal{R}$ la relation d'équivalence suivante dans l'ensemble
1111 $A=\{1,2,3,4,5,6\}$:
1113 \mathcal{R} = \{(1,1), (1,5), (2,2), (2,3), (2,6), (3,2), (3,3), (3,6), (4,4), (5,1), (5,5), (6,2), (6,3), (6,6)\}
1115 Trouver la partition de $A$ induite par $\mathcal{R}$, c'est-à-dire trouver les classes d'équivalence de $\mathcal{R}$.
1121 \begin{Exo}[Une relation d'équivalence]
1122 On considère l'ensemble des points du plan rapporté à
1123 deux axes de coordonnées rectangulaires et deux points $P_1$ et
1124 $P_2$ de coordonnées respectives $(x_1,y_1)$ et $(x_2,y_2)$; on
1125 définit dans cet ensemble la relation binaire ${\mathcal{R}}$ par:
1126 $$P_1 {\mathcal{R}} P_2 \Ssi x_1y_1=x_2y_2$$
1128 \item S'agit-il d'une relation d'équivalence? Si oui, étudier
1129 les classes d'équivalence.
1130 \item Mêmes questions pour la relation ${\mathcal{R}}'$, définie par
1131 $$P_1 {\mathcal{R}}' P_2 \Ssi x_1y_1=x_2y_2\ {\rm et}\ x_1x_2\geqslant 0$$
1140 Tenter de caractériser par son graphe une relation d'équivalence.
1145 Définir, par leurs graphes, les relations d'équivalence dans $E$ qui comportent respectivement le moins et le plus possible de points.
1146 Que peut-on dire de ces relations?
1150 \subsection{Ensemble-quotient}
1152 \begin{Def}[Ensemble-quotient]
1153 Il s'agit de l'ensemble des classes d'équivalence de tous les éléments de $E$.
1162 Pour parler aisément d'une classe, on choisit un de ses éléments, et cet élément, surmonté d'un point, sert à représenter la classe en question.
1163 Une fois que ce choix est fait, il est définitif, et il n'est plus question d'évoquer les autres éléments de cette classe, il faut
1164 se tenir, sous peine d'incohérence, au choix qui a été fait.
1168 \begin{Ex}[Congruence modulo 4]
1169 On choisit pour représentants les entiers $<4$, donc 0, 1, 2 et 3.
1170 L'ensemble-quotient est $\Z/4\Z=\{\dot 0,\dot 1,\dot 2,\dot 3\}$.
1175 \section{Compatibilité entre une opération et une relation binaire}
1178 La relation binaire (dans $E$) de symbole ${\mathcal{R}}$ est dite
1179 \emph{compatible avec l'opération} (définie dans $E$) de symbole $\circ$ lorsque, quels que soient les éléments $x$, $x'$, $y$ et $y'$ de $E$: si $x{\mathcal{R}}x'$ et si $y{\mathcal{R}}y'$, alors $(x\circ y){\mathcal{R}}(x'\circ y')$
1183 Autrement dit, l'opération conserve la relation.
1187 On considère la relation classique d'inégalité dans $\R$: si on a $x\leqslant x'$ et $y\leqslant y'$, on peut écrire $x+x'\leqslant y+y'$.
1189 Ce résultat est bien connu: on a le droit \og d'additionner des inégalités membre à membre\fg{}. En d'autres termes, l'addition des réels est compatible avec l'inégalité.
1192 Mais, de $-2\leqslant 1$ et de $-3\leqslant -1$, on ne peut pas déduire que $6\leqslant -1$\ldots On n'a pas le droit de \og multiplier des inégalités membre à membre\fg{}.
1194 La multiplication des réels, quant a elle, n'est donc pas compatible avec l'inégalité.
1199 \begin{Exo}[Congruences modulo $n$]
1200 Montrer que la relation de congruence modulo $n$ dans $\Z$ définie en cours est compatible avec addition et multiplication.
1202 Établir les tables des opérations que l'on peut alors définir dans les ensembles $\Z/5\Z$, $\Z/6\Z$.
1205 Lorsqu'une relation d'équivalence est compatible avec une opération, on peut définir dans {l'ensemble-quotient} une opération, dite \emph{induite} de celle qui existe dans l'ensemble d'origine.
1213 \centerline{\x{Fin du Chapitre}}