1 Dans tout ce chapitre, on se donne deux ensembles $E$ et $F$.
6 \begin{Def}[Relation binaire]
7 On définit une \emph{relation binaire} \index{relation binaire} entre
8 les deux ensembles $E$ et $F$ lorsqu'on construit une partie $G$
9 de l'ensemble produit $E\times F$
11 Si $x$ dans $E$ et $y$ dans $F$ sont tels que $(x,y)\in G$, on dit
12 que $x$ est \emph{en Relation avec} $y$. On note cela $x{\mathcal{R}}y$.
17 \item Définir la relation \og a pour mention au Bac \fg{} comme une
18 relation entre deux ensembles.
19 \item Définir l'index d'un livre comme une relation entre deux ensembles.
20 \item Définir le fait d'avoir un compte dans une banque comme une relation entre deux ensembles.
28 Lorsque $E=F$, on parle de relation binaire définie dans l'ensemble $E$.
29 Son graphe est une partie de $E^2$.
30 Dans ce cas, il est possible que $x \mathcal{R} y$ sans que $y \mathcal{R} x$.
31 (Penser à la relation \og est plus agé que \fg{}).
37 Sur l'ensemble $\Z$ des entiers relatifs, on définit deux relations, notées respectivement $\Sigma$ et $\Delta$, de la façon suivante:
39 \item $x \Sigma y$ quand la somme $x+y$ est paire
40 \item $x \Delta y$ quand la différence $x-y$ est paire
46 \section{Relations d'ordre}
47 On se place dans le cas où $E=F$.
48 Soit ${\mathcal{R}}$ une relation binaire définie
51 \subsection{Réflexivité, antisymétrie, transitivité}
54 \begin{Def}[Réflexivité]
55 ${\mathcal{R}}$ est dite \emph{réflexive} \index{relation!réflexive} quand tout élément de $E$ est en relation avec lui-même : $\qqs x\in E,\ x {\mathcal{R}} x$.
57 % $\qqs x\in E,\ (x,x)\in G$.
61 \begin{Def}[Antisymétrie]
62 ${\mathcal{R}}$ est dite \emph{antisymétrique} \index{relation!antisymétrique} si, lorsque $x$ est en relation avec $y$, alors $y$ ne peut pas être en relation avec $x$ (sauf si $x=y$):
63 $\qqs(x,y)\in E^2,\ x {\mathcal{R}} y\ {\rm et}\ y {\mathcal{R}} x\Imp\ x=y$
65 % $\qqs x\in E,\ \qqs y\in E,\ (x,y)\in G ~{\rm et}\ (y,x)\in G\ \Imp x=y$
71 \begin{Def}[Transitivité]
72 ${\mathcal{R}}$ est dite \emph{transitive} \index{relation!transitive} lorsque, si $x$ est en relation avec $y$, et si $y$ l'est avec $z$, alors $x$ est en relation avec $z$:
73 $\qqs x\in E,\ \qqs y\in E,\qqs z \in E,\ x {\mathcal{R}} y\ {\rm et}\ y {\mathcal{R}} z \Imp x {\mathcal{R}} z$.
74 % $$\qqs x\in E,\qqs y\in E,\ \qqs z\in E,\ (x,y)\in G\ {\rm et}\ (y,z)\in G
82 Les relations suivantes sont-elles réflexives, antisymétriques ou transitives ?
84 \item $A = \mathbb{R}$ et $x \mathcal{R} y$ si $|x| = |y|$.
85 \item $A = \mathbb{R}$ et $x \mathcal{R} y$ si $sin^2 x + \cos^2 y = 1 $.
86 \item $A = \mathbb{N}$ et $x \mathcal{R} y$ s'il existe $p$ et $q$ entiers tels que $y = p x^q$.
87 \item $A$ est l'ensemble des points du plan, et $x \mathcal{R} y$ si la distance de $x$ à $y$ est inférieure à 52,7 km.
94 Sur $\N^*$ on définit la relation
95 $a \mathcal{R} b$ si et seulement si $a^b \leq b ^a$.
97 \item Vérifier que cette relation est réflexive et transitive.
98 \item Comparer 2 et 4. La relation est-elle antisymétrique?
105 Soit $\mathcal{R}$ et $\mathcal{S}$ deux relations dans $A$.
107 \item Montrer que si $\mathcal{R}$ et $\mathcal{S}$ sont transitives alors $\mathcal{R} \cap \mathcal{S}$ est transitive.
108 \item Si $\mathcal{R}$ est antisymétrique alors $\mathcal{R} \cap \mathcal{S}$ est antisymétrique.
113 \subsection{Relation d'ordre}
115 \begin{Def}[Relation d'ordre]
116 ${\mathcal{R}}$ est une \emph{relation d'ordre}\index{relation!d'ordre} si elle est réflexive, antisymétrique et transitive.
121 Quelques relations d'ordre: $(\R,\leqslant)$, $({\cal P}(E),\sse)$
124 \begin{Ex}[Relation de divisibilité]
125 On note $a|b$ si et seulement si $b$ est un multiple de $a$ ($\exists k \in \Net, b=ka$).
126 C'est une relation d'ordre définie dans $\Net$. En effet, elle est
129 \item[reflexive:] $a=1a$, donc $a|a$ est vrai,
130 \item[antisymétrique:] si $a|b$ et $b|a$, alors $\exists k,k' \in \Net, a=kb$ et $b=k'a$. Donc $a = kk' a$. Comme $a \neq 0$, $kk'=1$. Mais $k,k' \in \Net$, donc $k = k' = 1$, et $a = b$.
131 \item[transitive:] si $a|b$ et $b|c$, alors alors $\exists k,k' \in \Net, a=kb$ et $b=k'c$. Donc $a = k k' c$: il existe $k'' \in \Net$ ($k''=k k'$) tel que $a = k''c$: $a|c$.
137 La structure algébrique constituée par l'ensemble $E$, muni de la
138 relation d'ordre ${\mathcal{R}}$,
139 (c'est-à-dire: le couple $(E,{\mathcal{R}})$) est
140 celle d'\emph{ensemble ordonné}\index{ensemble!ordonné}.
146 On définit une relation binaire $\mathcal{R}$ sur $\R\times \R^+$ par
147 $(x,y) \mathcal{R} (x',y')$ ssi
148 $x^2+y^2 < x'^2+y'^2$ ou
149 ($x^2+y^2 = x'^2+y'^2$ et $x \leq x'$).
150 Montrer qu'il s'agit d'une relation d'ordre.
156 \begin{Exo}[Diagrammes de transitivité]
159 \item $E=\{1\vir 2\vir 3\vir 4\vir 5\vir 6\vir 7\vir 8\vir 9\}$ et on
160 définit la relation binaire $\mathcal{R}$ dans $E$ par son graphe
161 $G=\{ $ (1,1), (1,2), (1,3), (1,4), (1,5), (1,6), (1,7), (1,8), (1,9), (2,2), (2,3), (2,4), (2,6), (2,8), (2,9), (3,3), (4,3), (4,4), (4,6), (4,8), (4,9), (5,3), (5,4), (5,5), (5,6), (5,7), (5,8),
162 (5,9), (6,6), (6,8), (6,9), (7,7), (7,8), (7,9), (8,8), (9,9) $\}$
163 (c'est-à-dire: $1{\mathcal{R}}1$, etc\ldots).
164 Justifier que cette relation est une relation d'ordre.
166 \item Mêmes questions pour $E'=\{1\vir 2\vir 3\vir 4\vir 5\vir 6\}$ et
167 $G'=\{$ (1,1), (1,2), (1,3), (1,4), (1,5), (1,6),
168 (2,2), (2,4), (2,5), (2,6), (3,3), (3,4), (3,6), (4,4), (4,6), (5,5), (5,6), (6,6)$\}$.
178 \section{Relations d'équivalence}
181 On se place encore dans ce paragraphe dans le cas où $E=F$.
182 Soit ${\mathcal{R}}$ une relation binaire définie dans un ensemble (non vide) $E$, de graphe $G$.
184 \begin{Def}[Relation symétrique]
185 ${\mathcal{R}}$ est dite \emph{symétrique} \index{relation!symétrique} si, dès que $x$ est en relation avec $y$, alors $y$ est en relation avec $x$
186 $$\qqs x\in E,\ \qqs y\in E, (x,y)\in G \Imp (y,x)\in G$$
187 Ou encore: $\qqs x\in E, \qqs y\in E,\ x {\mathcal{R}} y \Imp y {\mathcal{R}} x$.
193 \begin{Def}[Relation d'équivalence]
194 ${\mathcal{R}}$ est une relation d'équivalence lorsqu'elle est
195 réflexive, symétrique et transitive.
200 L'égalité est une relation d'équivalence.
205 \begin{Ex}[Relation de congruence modulo $n$ dans $\Z$]
206 Par définition: $$x\equiv y\ [n]
207 \hbox{(lire: \og $x$ est congru à $y$ modulo $n$\fg{} )} \Ssi
208 \exi k\in\Z,\ x-y=k\cdot n.$$
210 \item[réflexive:] $x\equiv x [n]$: en effet, $x-x=0\cdot n$, et
212 \item[symétrique:] si $x\equiv y\ [n]$, $\exists k\in\Z$, $x-y=k\cdot n$;
213 alors $y-x=(-k)\cdot n$; or, si $k\in\Z$, $(-k)\in\Z$, donc $y\equiv x\
215 \item[transitive:] si $x\equiv y\ [n]$ et $y\equiv z\ [n]$, $\exi
216 k\in\Z$, $x-y=k\cdot n$ et $\exi l\in\Z$, $y-z=l\cdot n$. En
217 aditionnant membre à membre ces deux égalités, on obtient
218 $x-z=(k+l)\cdot n$, or $(k,l)\in\Z^2$, donc $k+l \in\Z$, donc
226 Montrer que les relations suivantes sont des relations d'équivalence:
228 \item Sur $\mathbb{Z}$, on écrit $x \mathcal{R} y$ quand $x+y$ est pair.
229 \item Sur $\mathbb{R}$, on écrit $x \mathcal{R} y$ quand
237 \subsection{Classes d'équivalence}
240 \begin{Def}[Classe d'équivalence]
241 Soit $x$ un élément de $E$, et $\mathcal{R}$ une relation d'équivalence sur $E$.
242 On appelle \emph{classe d'équivalence} \index{classe d'équivalence}
243 de cet élément l'ensemble des éléments de $E$ qui
244 sont en relation avec $x$ (on dit encore: \og qui sont équivalents à $x$ \fg{}).
251 On note $\dot x$ la classe de l'élément
252 $x$: $\dot x=\{y\in E \mid y {\mathcal{R}} x\}$.
256 Dans $\R$, on considère la relation binaire $\mathcal{R}$ définie par:
257 $x\mathcal{R}y$ ssi $x^2 - y^2 = x- y$.
259 \item Vérifier que $\mathcal{R}$ est une relation d'équivalence.
260 \item Pour tout réel $x$, déterminer $\dot x$.
265 Dans $\R$, on considère la relation binaire $\mathcal{R}$ définie par:
266 $x\mathcal{R}y$ ssi $x.e^{y}= y.e^{x}$.
268 \item Vérifier que $\mathcal{R}$ est une relation d'équivalence.
269 \item Pour tout réel $x$, déterminer le nombre d'éléments de $\dot x$.
276 % On définit une relation sur l'ensemble des mots de la langue française de la façon suivante: \og le mot $M$ est lié au mot $N$ si $N$ est une anagramme\index{anagramme}\footnote{Mot obtenu par transposition des lettres d'un autre mot. Une anagramme intéressante: aimer - Marie. Le pseudonyme de Alcofribas Nasier est, à peu près, l'anagramme de François Rabelais.} de $M$.\fg{}
277 % Quelle est la classe d'équivalence du mot chien?
285 % Une classe d'équivalence n'est jamais vide.
289 % En effet, la classe de $x$ contient toujours au moins l'élément $x$ lui-même, par réflexivité.
295 L'intersection de deux classes d'équivalence distinctes est vide.
299 On dit aussi que les classes sont deux à deux disjointes.
304 On considère deux classes, $\dot x$ et $\dot y$, soit $z\in\dot x\inter\dot y$; $\qqs t\in\dot x$, on a $(t,x)\in G$; mais
305 $z\in\dot x$, donc $(z,x)\in G$, donc (symétrie) $(x,z)\in G$, donc
306 (transitivité) $(t,z)\in G$; mais $z\in\dot y$, donc $(z,y)\in G$, donc
307 (transitivité) $(t,y)\in G$, donc (finalement) $t\in\dot y$, et donc
308 $\dot x\sse\dot y$; raisonnement analogue pour tout $t\in\dot y$, qui
309 aboutit à $\dot y\sse\dot x$, et enfin (par double inclusion)
310 $\dot x=\dot y$; si deux classes ont un élément commun, elles sont
311 confondues; donc deux classes distinctes sont disjointes).
314 \begin{Def}[Partition d'un ensemble]
315 Une \emph{partition}\index{partition} d'un ensemble $E$ est une famille
316 de sous-ensembles de $E$, 2 à 2 disjoints, et dont la réunion est égale à $E$.
322 Les classes d'équivalence réalisent une partition de $E$.
326 Comme les classes sont des parties de $E$, leur réunion est une partie de
328 Réciproquement, tout élément de $E$ appartient à une classe (\og tout élément est classé\fg{}). Donc $E$ est une partie de la réunion des classes; et $E$ est égal à la réunion des classes.
332 On reprend la congruence modulo $n$, par exemple pour $n = 4$.On a:
334 $\dot 0=\{\ldots,-12,-8,-4,0,4,8,12,\ldots\}$
336 $\dot 1=\{\ldots,-11,-7,-3,1,5,9,13,\ldots\}$
338 $\dot 2=\{\ldots,-10,-6,-2,2,6,10,14,\ldots\}$
340 $\dot 3=\{\ldots,-9,-5,-1,3,7,11,15,\ldots\}$
347 Soit $\mathcal{R}$ la relation d'équivalence suivante dans l'ensemble
350 \mathcal{R} = \{(1,1), (1,5), (2,2), (2,3), (2,6), (3,2), (3,3), (3,6), (4,4), (5,1), (5,5), (6,2), (6,3), (6,6)\}.
352 Trouver la partition de $A$ induite par $\mathcal{R}$, c'est-à-dire trouver les classes d'équivalence de $\mathcal{R}$.
358 \begin{Exo}[Une relation d'équivalence]
359 On considère l'ensemble des points du plan rapporté à
360 deux axes de coordonnées rectangulaires et deux points $P_1$ et
361 $P_2$ de coordonnées respectives $(x_1,y_1)$ et $(x_2,y_2)$; on
362 définit dans cet ensemble la relation binaire ${\mathcal{R}}$ par:
364 \item $P_1 {\mathcal{R}} P_2 \Ssi x_1y_1=x_2y_2$.
365 Est-ce une relation d'équivalence? Si oui, étudier
367 \item Mêmes questions pour ${\mathcal{R}}$, définie par
368 $P_1 {\mathcal{R}} P_2 \Ssi x_1y_1=x_2y_2\ {\rm et}\ x_1x_2\geqslant 0$
377 % Tenter de caractériser par son graphe une relation d'équivalence.
382 Définir, par leurs graphes, les relations d'équivalence dans $E$ qui comportent respectivement le moins et le plus possible de points.
383 Que peut-on dire de ces relations?
387 \subsection{Ensemble-quotient}
389 \begin{Def}[Ensemble-quotient]
390 Il s'agit de l'ensemble des classes d'équivalence de tous les éléments de $E$.
399 Pour parler aisément d'une classe, on choisit un de ses éléments,
400 et cet élément, surmonté d'un point, sert à représenter la classe en question.
401 Une fois que ce choix est fait, il est définitif, et il n'est plus question d'évoquer les autres éléments de cette classe, il faut
402 se tenir, sous peine d'incohérence, au choix qui a été fait.
406 \begin{Ex}[Congruence modulo 4]
407 On choisit pour représentants les entiers $<4$, donc 0, 1, 2 et 3.
408 L'ensemble-quotient est $\Z/4\Z=\{\dot 0,\dot 1,\dot 2,\dot 3\}$.
414 \centerline{\x{Fin du Chapitre}}