4 \section{Nombres entiers naturels ($\N$)}
6 \subsection{Définition de $\N$}
8 \subsubsection{Définition}
10 \begin{Def}[Ensemble des entiers naturels]
11 On appelle \emph{ensemble des nombres entiers naturels}\index{entiers naturels} $\N$ tout ensemble possédant les propriétés suivantes
13 \item Il existe une injection de $\N$ dans $\N$.
15 Cette injection, appelée \emph{fonction de succession}\index{fonction!de succession}, sera notée $s$ dans la suite.
17 L'image d'un entier $n$ par la fonction de succession $s$, soit $s(n)$, est appelée \emph{successeur} \index{successeur} de $n$.\\
19 \item Il existe un élément de $\N$ qui n'est le successeur d'aucun élément de $\N$.
21 Cet élément est appelé \og \emph{zéro}\fg{}\index{zéro} et noté 0 dans la suite.
23 \item Le \og \emph{Principe de récurrence} \fg{} \index{principe de récurrence} \index{récurrence} est satisfait :
25 Soit $M$ la partie de $\N$ constituée par les entiers qui possèdent une certaine propriété $p$. On note \og $p(n)$\fg{} le fait que l'entier $n$ possède la propriété $p$.
27 \begin{Th}[Principe de récurrence]
28 Il s'énonce ainsi : \og Si $M$ contient 0 et le successeur de chacun de ses éléments, alors $M=\N$.\fg{}
32 Sous forme formalisée...
34 Soit $M=\{n\in\N \mid p(n)\}$; si $0\in M$ et si $[n \in M \Imp s(n) \in M]$, alors $M=\N$.
41 $M=\N$ signifie évidemment que la propriété est
42 possédée par tous les entiers naturels. C'est, en général, la conclusion attendue d'un \og raisonnement par récurrence\fg{}
46 \subsubsection{Sur la récurrence}
48 Il existe une version \og affaiblie\fg{} du principe de récurrence : la récurrence restreinte, qui permet de s'assurer qu'une propriété est vraie à partir d'un certain rang...
51 \begin{Th}[Récurrence restreinte]
52 \index{récurrence!restreinte}
53 Soit $M=\{n\in\N \mid p(n)\}$.
55 Si $p\in M$ et si, $[n \in M \Imp s(n) \in M]$, alors $M$ est de la forme $\{p,p+1,p+2,\ldots\}$.
59 Il existe encore une version \og renforcée\fg{} : la récurrence généralisée, qui permet de \og supposer la
60 propriété vraie jusqu'à l'ordre $n$\fg{}...
63 \begin{Th}[Récurrence généralisée]
64 \index{récurrence!généralisée}
65 Soit $M=\{n\in\N \mid p(n)\}$.
67 Si, $\qqs p \in M$, $\{0,1,2,\ldots,p\} \sse M$ et si $s(p)\in M$, alors $M=\N$.
71 Elle se démontre à partir de la récurrence \og normale\fg{}.
76 La récurrence généralisée permet d'éviter un double raisonnement par récurrence.
81 \noindent Manière correcte de rédiger un raisonnement par récurrence :
84 \item Soit $M$ l'ensemble des entiers naturels qui vérifient ... (mettre ici l'énoncé de la propriété que l'on cherche à démontrer)
86 \item Initialisation de la récurrence : vérifier que 0 est élément de $M$ (\og la propriété est vraie pour $n=0$\fg{})
88 \item Caractère héréditaire de la propriété : soit $n$ un élément de $M$ (cela a un sens, puisque l'on sait maintenant que $M$ n'est pas vide : il contient au moins 0), vérifions que $s(n)$ est encore élément de $M$ (\og la propriété est vraie pour $n+1$\fg{})
94 Toute phrase, telle que celles que l'on peut souvent lire, de la forme \og supposons la propriété vraie pour $n$\fg{} devrait immédiatement appeler la question : qu'est-ce que c'est que $n$ ?
97 \setlength{\labelwidth}{100pt}
98 \item Si $n$ est \og un entier quelconque\fg{} , alors vous supposez la propriété vraie pour un entier quelconque, et il ne vous reste plus grand chose à démontrer....
100 \item Si $n$ est un entier fixé, mettons 47, alors vous allez démontrer la propriété pour 48, et il vous restera pas mal de chemin à faire\ldots
103 Non, ce que vous supposez, ce n'est pas que la propriété est vraie (pour quoi que ce soit), mais que $n$ est un entier pour lequel la propriété est vérifiée (cet entier étant évidemment quelconque parmi ceux pour lesquels la propriété est vérifiée), ce n'est pas du tout la même chose.
107 \subsubsection{Exercices}
109 \paragraph{Une première récurrence}
113 \item Calculez 1, 1+3, 1+3+5, et 1+3+5+7.
114 \item A quoi $1+3+5+7+...+(2n-1)+(2n+1)$ semble-t-il être égal (en fonction de $n$) ?
115 \item Démontrer que l'on a effectivement l'égalité
120 \paragraph{Somme d'entiers élevés à une puissance donnée}
122 On montre, dans ce qui suit, une application de la technique de récurrence, pour calculer $S_k(n) = 1^k+2^k+...+n^k, \forall k,n \in \N$ (d'autres techniques, plus efficaces, existent).
125 On souhaite calculer $S_1(n) = 1+2+...+n$.
127 \item Cherchez un bon candidat $S_1(n)$ pour cette formule.
129 \item On pourra chercher un lien logique entre $S_1(1), S_1(2), S_1(3), S_1(4), ...$
130 \item On pourra aussi faire le lien avec les suites arithmétiques.
131 \item Ou encore, retrouver la méthode de Gauss : $S = 1+2+...+n$, et $S = n+(n-1)+...+2+1$. Si on somme ces deux expressions...
133 \item Prouvez, par récurrence, que la somme est bien égale à ce candidat.
134 \item Quelle est la \og forme \fg{} de ce candidat (fonction tangente ? polynôme ?)
140 On souhaite calculer $S_2(n) = 1^2+2^2+...+n^2$.
142 \item Cherchez un bon candidat $S_2(n)$ pour cette formule.
144 \item On pourra chercher un lien logique entre $S_2(1), S_2(2), S_2(3), S_2(4), ...$
147 \item Regardez la forme de $S_0(n) = 1^0+2^0+...+n^0$, et de $S_1(n) = 1^1+2^1+...+n^1$
148 \item Interpolez la formule pour $S_2(n)$. On pourra imaginer que $S_2(n)$ est toujours un polynôme en $n$. Quel serait son degré le plus probable ? Quelle en serait donc la forme ? On aura à déterminer les coefficients intervenant dans ce polynôme. Pour ce faire, il suffit de considérer que cette formule doit convenir pour n=1, 2, etc.
151 \item Démontrez, par récurrence, que l'on a bien égalité entre $1^2+2^2+...+n^2$ et votre candidat.
156 Poursuivre le raisonnement pour $S_3(n)$. Cette méthode permet-elle de calculer $S_k(n), \forall k,n$ ?
160 \paragraph{Autres exercices sur la récurrence}
164 Montrer que $\forall n \in \N$, 7 divise $3^{2n+1}+2^{n+2}$.
168 Soit $(u_n)_{n \in \N}$ une suite réelle telle que $\forall n \in \N$,
169 $$u_{n+2}-5u_{n+1}+6u_n = 0$$
170 Montrez qu'il existe $\alpha, \beta \in \N$ tels quel $\forall n \in \N, u_n = \alpha 3^n + \beta 2^n$.
175 Montrer que $\forall m,n \in \N^*, \forall r \in \N, m^{2r+1}+n^{2r+1}$ est divisible par $m+n$.
179 \subsection{Opérations et relation d'ordre dans $\N$}
181 On suppose ici connues les opérations et la relation d'ordre classiques qui existent dans $\N$ : addition, multiplication, relation d'inégalité au sens large.
184 Ces éléments peuvent être définis rigoureusement, et toutes les propriétés démontrées par récurrence.
187 Par exemple, on peut définir la relation $p\leqslant n$ par $\exi q\in\N,\ n=p+q$.
191 Les opérations précédentes ont pour propriétés :
193 \item l'addition est commutative, associative, il existe un élément neutre (0),
194 \item la multiplication est commutative, associative et admet aussi un élément neutre (1),
195 \item la multiplication est distributive sur l'addition,
196 \item les entiers sont totalement ordonnés par l'inégalité, et cette relation d'ordre est compatible avec l'addition et avec la multiplication.
201 \subsection{Nombres premiers}
203 \subsubsection{Définitions}
205 \begin{Def}[Multiple, diviseur]
206 Si un entier $n$ peut s'écrire sous la forme $n=pq$, où $p$ et $q$ sont des entiers, on dit que $n$ est un \emph{multiple} \index{multiple} de $p$ et que $p$ est un \emph{diviseur}\index{diviseur} de $n$.
211 Soit $m = 2^3 * 5 * 7^2 * 13^3$. Combien le nombre $m$ a-t-il de diviseurs naturels ?
214 \noindent Réponse : (3+1)*(1+1)*(2+1)*(3+1)=96.
216 \begin{Def}[Nombre premier]
217 Un \emph{nombre premier}\index{nombre!premier} est un nombre entier strictement supérieur à 1 qui n'est divisible que par 1 et par lui-même.
222 Ainsi, le plus petit nombre premier (et le seul qui soit pair) est 2.
226 Il existe une infinité de nombres premiers.
231 Le problème de la primalité d'un nombre (très grand, évidemment) est difficile.
236 \subsubsection{Décomposition en facteurs premiers}
238 \begin{Def}[Décomposition en facteurs premiers]
239 L'écriture d'un entier $n$ sous la forme $n=a^{\alpha}b^{\beta}c^{\gamma}\ldots$, où $a\vir b\vir c\vir\ldots$ sont les diviseurs premiers distincts de $n$ et où les exposants $\alpha\vir\beta\vir\gamma\vir\ldots$ sont tels que, par exemple, $n$ est divisible par $a^{\alpha}$ mais pas par $a^{\alpha+1}$ s'appelle la \emph{décomposition en facteurs premiers} \index{décomposition en facteurs premiers} de $n$.
241 On dit que les exposants $\alpha$, $\beta$, $\gamma$, \ldots sont les ordres de multiplicité des diviseurs $a$, $b$, $c$, \ldots)
247 La décomposition d'un entier en ses facteurs premiers est unique.
252 \'Ecrivez les nombres 3850 et 1911 sous forme de produits de nombres premiers.
255 \noindent Réponses : $2*5^2*7*11$ et $3*7^2*13$.
259 \begin{Exo}[Nombres de Fermat]
260 On appelle nombres de Fermat les nombres de la forme $2^{2^p}+1$.
262 \item Montrer que, pour que $2^n+1$ soit premier, il faut que $n$ soit une puissance de 2.
264 \item La réciproque n'est pas vraie : donner un exemple de nombre de Fermat qui ne soit pas premier.
266 \item Montrer que, pour $k\geqslant 1$, $F_p$ divise $F_{p+k}-2$.
268 \item En déduire que $F_p$ et $F_{p+k}$ sont premiers entre eux.
270 \item En déduire qu'il existe une infinité de nombres premiers.
275 \subsection{Relation de divisibilité}
277 On a vu dans le chapitre sur les relations entre ensembles la relation binaire de divisibilité définie dans $\Net$.
279 Cette relation est une relation d'ordre partiel : il existe des paires d'entiers non comparables par cette relation.
282 3 ne divise pas 7 et 7 ne divise pas 3.
284 Ces deux entiers ne sont donc pas comparables du point de vue de la divisibilité.
287 Cet ordre n'est donc que partiel, mais il existe, pour chaque couple d'entiers distincts, une borne inférieure et une borne supérieure...
290 \begin{Def}[PGCD, PPCM]
291 Tout ensemble fini de nombres entiers strictement positifs admet une borne sup et une borne inf pour la relation de divisibilité.
293 Cette borne inférieure et cette borne supérieure sont respectivement appelées \emph{plus grand commun diviseur}\index{plus grand commun diviseur} \index{PGCD} et \emph{plus petit commun multiple} \index{PPCM} \index{plus petit commun multiple} de ces deux entiers.
297 Ils sont respectivement notés $a\et b$ et $a\ou b$.
301 L'existence du PGCD découle de l'existence de la décomposition en facteurs premiers : il suffit de comparer les décompositions des deux nombres pour découvrir leur PGCD.
303 Le PPCM, lui, vaut $a\ou b=ab/(a\et b)$.
308 Comme $48=2^43$ et que $56=2^37$, on voit aisément que $48\et 56=2^3$.
312 Calculez $ppcm(102,138)$.
315 \noindent Réponse : 2346.
318 $\Net$ est un treillis pour la divisibilité.
320 On peut de plus montrer que :
323 \item ce treillis est distributif, c'est-à-dire que $x\ou(y\et z)=(x\ou y)\et(x\ou z)$ et que $x\et(y\ou z)=(x\et y)\ou(x\et z)$,
324 \item il admet un élément minimum (1), mais pas d'élément maximum,
325 \item les nombres premiers sont les éléments minimaux de ($\Net\moins\{1\}$).
332 Deux nombres entiers strictement positifs $a$ et $b$ sont dits \emph{premiers entre eux} lorsque $a\et b=1$.
336 Soient $a,b,c,d$ des entiers naturels non nuls tels que $ad=bc$.
338 Prouvez que si $a$ et $b$ sont premiers entre eux, alors $b|d$
341 \noindent Réponse : En se plongeant dans le calcul modulo $b$, on a : ad = 0.
343 Comme $a$ et $b$ sont premiers entre eux, $a$ est inversible, et donc $d=0$.
345 On en déduit que $d$ est un multiple de $b$.
349 \subsection{Entiers relatifs}
351 L'ensemble habituellement noté $\Z$ des entiers relatifs est obtenu à partir de $\N$ par le procédé de symétrisation pour l'addition.\\
354 Sans s'étendre sur le sujet, disons que cela consiste à introduire les entiers strictement négatifs comme opposés des positifs correspondants, par $n+(-n)=0$.\\
357 On sait que les porpriétés des opérations sont conservées; la seule propriété perdue dans cette extension est la compatibilté entre la relation d'ordre et la multiplication.\\
359 En revanche, on gagne évidemment l'existence d'un opposé pour chaque entier.
363 \section{Division euclidienne dans $\Z$ et applications}
365 \subsection{Définition}
368 On se donne deux entiers relatifs $a$ et $b$, $b$ non nul.
371 Il existe un et un seul couple d'entiers relatifs $q$ et $r$ qui
372 vérifient la relation suivante : $a=bq+r$ , avec $0\leqslant r<|b|$.
376 \begin{Def}[Division euclidienne]
377 Obtenir les valeurs de $q$ et de $r$, c'est effectuer la \emph{division
378 euclidienne}\index{division euclidienne} de $a$ par $b$.
380 $q$ est appelé \emph{quotient}\index{quotient}, $r$ est appelé \index{reste}\emph{reste} (dans la division euclidienne).
382 Enfin, lorsque $r$ est nul, $a$ est dit \emph{divisible} par $b$, ou $b$ est un \emph{diviseur} de $a$.
387 Tout nombre non nul est au moins divisible par 1 et par lui-même ($a=a\times 1+0$).
391 0 est divisible par tout nombre entier non nul $(0 = 0 \times b + 0 )$.
396 Quels sont le quotient et le reste de la division euclidienne de $m$ par $n$ dans le cas où :
399 \item $m = -38$ et $n=6$,
400 \item $m=165$ et $n=-14$.
403 Réponses : (-7,4) et (-11,11).
409 \begin{Exo}[Divisibilité dans $\N$]
410 On se place dans l'ensemble $\N$.
413 \item Trouver les restes dans la division par 5 du carré d'un entier.
414 \item Trouver les restes dans la division par 8 du carré d'un entier impair.
415 \item Trouver les restes dans la division par $11$ de $37^n$ (pour $n\in\Net$).
416 \item Montrer que $10^n(9n-1)+1$ est divisible par 9.
421 \subsection{Représentation des nombres entiers}
423 \subsubsection{Définition}
425 \begin{Def}[Principe de la numération de position]
426 \index{Principe de la numérotation de position}
427 Il consiste à choisir une base $b$ de numération, et $b$ symboles qui constitueront les chiffres dans la représentation d'un entier positif en base $b$.
429 Celle-ci s'écrira alors
430 $$n=n_{p}b^p+n_{p-1}b^{p-1}+\cdots+n_{1}b^1+n_{0}$$
435 Cette écriture est abrégée en ${\left(\overline{n_{p}n_{p-1}\ldots n_{0}}\right)}_{b}$.
439 En informatique, on utilise couramment les bases 2, 8 et 16.
443 \subsubsection{Obtention de cette représentation}
445 L'algorithme pour obtenir la représentation en base $b$ d'un entier est :
448 \item Effectuer la division euclidienne de cet entier par $b$, division qui donne un premier quotient et un premier reste.
449 \item Le quotient est à sont tour divisé par $b$ pour donner un second quotient et un second reste, et ainsi de suite jusqu'à obtenir un quotient nul.
450 \item Les restes successifs (tous strictement inférieurs à $b$), et en commençant par le dernier, constituent la représentation en base $b$ de l'entier donné.
454 \subsubsection{Algorithme de Hörner}
456 Réciproquement, étant donnée la représentation en base $b$ d'un
457 entier, on obtient sa valeur par application de l'algorithme de Hörner :\\
459 $n= n_{p}b^p+n_{p-1}b^{p-1}+\cdots+n_{1}b^1+n_{0}$ est calculé par
460 $(......(((n_{p}b+n_{p-1})b+n_{p-2})b+\cdots+n_{1})b+n_{0})$
464 \subsubsection{Exercices}
466 \begin{Exo}[Numération, changements de base]
468 \item Chercher les entiers dont le carré a, en représentation décimale, mêmes chiffres des dizaines et des unités.
469 \item On pose $a=2p-1$, $b=2p+1$, $c=2p+3$; trouver l'entier $p$ de manière que $a^2+b^2+c^2$ soit de la forme $\sur{xxxx}_{10}$.
470 \item L'entier $n$ s'écrit $\sur{341}_{10}$ et $\sur{2331}_a$. Trouver $a$.
471 \item Montrer que, dans toute base $b$ supérieure ou égale à 3, l'entier qui s'écrit $\sur{11211}_b$ n'est pas premier.
472 \item soit $n\geqslant 7$. Donner l'écriture de $(n+1)^4$ en base $n$.
478 \begin{Exo}[Développement décimal]
479 On considère le nombre réel $x$ dont le dé\-ve\-lop\-pe\-ment décimal s'écrit $x=0,012\ 345\ 679\ 012\ 345\ 679\ \ldots\ \ldots\ \ldots$ (la séquence $012\ 345\ 679$ est reproduite indéfiniment). Ce développement décimal est périodique, de période 9.
481 \item Montrer que $x$
482 vérifie une équation de la forme $10^kx=n+x$, où $k$ et $n$ sont
483 des entiers à déterminer. En résolvant cette équation,
484 montrer que $x$ est un nombre rationnel, et le mettre sous la forme
485 $x= \fr pq$ , où $p$ et $q$ sont premiers entre eux.
487 la même méthode au ``nombre" $y$ dont le développement
488 décimal est $y= 0,999\ 999\ 999\ 999\ \ldots$ (périodique de période
489 1). Quelle conclusion peut-on en tirer?
490 \item Démontrer que tout nombre réel dont le développement
491 décimal est fini ou périodique à partir d'un certain rang
492 est un nombre rationnel.
493 \item Réciproquement, on se propose de démontrer que le
494 développement décimal de tout nombre rationnel est fini ou
495 périodique à partir d'un certain rang. Pour cela, on
496 considère un rationnel $x=\fr pq$ , avec $q>0$, $p\in
497 \Z$, $p$ et $q$ premiers entre eux, et on étudiera successivement
500 \item $x$ est entier (c'est à dire $q=1$)
501 \item $x$ est rationnel non entier, et $q$ est premier avec 10 (On
502 pourra montrer que, si $q$ est premier avec 10, il existe un entier
503 $k$, non nul, tel que $10^k\equiv 1\ [q]$).
504 \item $x$ est rationnel non entier, mais $q$ n'est pas premier avec 10.
511 \subsection{Arithmétique modulo $n$}
513 On rappelle ici la définition de la relation dite de \og congruence modulo n\fg{} définie dans $\Z$ étudiée dans le chapitre consacré aux relations entre ensembles.
515 \begin{Def}[Congruence modulo $n$]
516 Soit $n$ un entier strictement supérieur à 1 et $x$ et $y$ deux éléments de $\Z$.
518 On dit que \og $x$ est \emph{congru} à $y$ \emph{modulo}\index{congru}\index{modulo} $n$\fg{} lorsque $x$ et $y$ possèdent le même reste dans la division (euclidienne) par $n$ :
519 $$x \equiv y [n] \Ssi \exi k \in \Z, x-y=k \cdot n $$
524 Il s'agit d'une relation d'équivalence dans $\Z$.
530 \item $\qqs x \in \Z, x-x=0=0 \cdot n$; or $0 \in \Z$, donc $x
531 \equiv x [n]$ (réflexivité). \item Si $x \equiv y
532 [n]$,$\exi k \in \Z$, $x-y=k \cdot n$; alors $y-x=(-k) \cdot n$, et,
533 puisque $k \in \Z$, $(-k) \in \Z$, donc $y \equiv x [n]$ (symétrie).
534 \item Si $x \equiv y [n]$,$\exi k\in\Z$, $x-y=k \cdot n$; si, de
535 plus, $y \equiv z [n]$, $\exi l\in\Z$, $y-z=l \cdot n$; alors (par
536 addition), $x-z=(k+l) \times n$; comme $k\in\Z$ et $l\in\Z$,
537 $(k+l)\in\Z$, donc $x \equiv z [n]$ (transitivité).
542 La classe d'équivalence d'un entier donné comprend donc cet entier et tous ceux qui ont le même reste que lui dans la division euclidienne par $n$.
545 Si $n = 3$, il y a trois classes distinctes :
547 \item $\dot 0=\{\ldots,-6,-3,0,3,6,9,\ldots\}$,
548 \item $\dot 1=\{\ldots,-5,-2,1,4,7,10,\ldots\}$,
549 \item $\dot 2=\{\ldots,-4,-1,2,5,8,11,\ldots\}$.
552 On retrouve ensuite les mêmes éléments : $\dot 3=\dot 0$, etc...
556 D'une manière générale, pour $n$ quelconque, il y a exactement $n$ classes d'équivalence, notées de $\dot 0$ à $\dot {(n-1)}$, c'est-à-dire, il faut le remarquer, un nombre fini.
560 L'ensemble-quotient (ensemble des classes d'équivalence) de la relation de congruence modulo $n$ est un ensemble fini.
564 Il est noté $\Z/n\Z$.
569 $\Z/3\Z =\{ \dot 0,\dot 1,\dot 2\}$.
574 La relation de \og congruence modulo $n$\fg{} est compatible avec l'addition et la multiplication des nombres entiers.
579 En effet, on suppose que :
581 \item $x \equiv x' [n] \Ssi \exi k\in \Z,\ x-x'=k \cdot n$ et que
582 \item $y \equiv y' [n] \Ssi \exi l\in \Z, y-y'=l \cdot n$.
583 \item Alors, par addition, $(x+y)-(x'+y')=(k+l)\cdot n$; $(k+l)\in\Z$, donc $(x+y)\equiv(x'+y') [n]$ : la congruence modulo $n$ est compatible avec l'addition dans $\Z$.
585 En multipliant la première égalité par y : $xy-x'y=(ky)\cdot n$ et la seconde par x' : $x'y-x'y'=(x'l)\cdot n$ .
587 Alors, par addition, $xy-x'y'=(ky+lx')\cdot n$. $(ky+lx')\in\zmat$, donc $x\cdot y\equiv x'\cdot y' [n]$ : la congruence modulo $n$ est aussi compatible avec la multiplication dans $\Z$.
592 C'est cette propriété qui permet de définir dans l'ensemble quotient $\Z/n\Z$ des opérations, dites \emph{induites} par celles qui existent dans $\Z$...
600 Par définition, on pose $\dot x + \dot y = \dot {(x+y)}$ et $\dot x \cdot
601 \dot y = \dot {(xy)}$.
606 C'est ainsi qu'on obtient les tables d'opérations suivantes dans $\Z/4\Z$ :\\
610 $\begin{array}{|c|c|c|c|c|}\hline
611 + & \dot 0 & \dot 1 & \dot 2 & \dot 3 \\ \hline
612 \dot 0 & \dot 0 & \dot 1 & \dot 2 & \dot 3 \\ \hline
613 \dot 1 & \dot 1 & \dot 2 & \dot 3 & \dot 0 \\ \hline
614 \dot 2 & \dot 2 & \dot 3 & \dot 0 & \dot 1 \\ \hline
615 \dot 3 & \dot 3 & \dot 0 & \dot 1 & \dot 2 \\ \hline \end{array}$
617 $\begin{array}{|c|c|c|c|c|}\hline
618 \times & \dot 0 & \dot 1 & \dot 2 & \dot 3 \\ \hline
619 \dot 0 & \dot 0 & \dot 0 & \dot 0 & \dot 0 \\ \hline
620 \dot 1 & \dot 0 & \dot 1 & \dot 2 & \dot 3 \\ \hline
621 \dot 2 & \dot 0 & \dot 2 & \dot 0 & \dot 2 \\ \hline
622 \dot 3 & \dot 0 & \dot 3 & \dot 2 & \dot 1 \\ \hline \end{array}$
629 On aperçoit la présence de \og diviseurs de zéro\fg{} ($\dot 2 \times \dot 2=\dot 0$), mais aussi l'apparition d'un inverse pour certains éléments ($\dot 3 \times \dot 3=\dot 1$).
636 \item $3*10^9 mod 97$,
637 \item $3^{1024} mod 1037$.
641 \noindent Réponses : 5 et 630.
644 \begin{Exo}[Systèmes de congruences]
645 Il s'agit de trouver des entiers $x$ qui satisfont des systèmes de la forme
646 $$\left\{\begin{array}{ccc}
647 x & \equiv & a\ [p] \\
648 x & \equiv & b\ [q] \\
650 Un tel système peut ne pas avoir de solution
651 (par exemple, $a=1,\ p=2,\ b=0,\ q=4$: un nombre impair ne peut être un multiple de 4).
653 Une condition suffisante d'existence de
654 solutions est que $p$ et $q$ soient premiers entre eux.
656 C'est le cas que nous traiterons ici; dans ce cas, il existe deux entiers $u$ et $v$ tels que $pu+qv=1$ (théorème de Bezout).
658 Donc $pu \equiv 1\ [q]$ et $qv \equiv 1\ [p]$, et $x=bpu+aqv$ est une solution du système (pourquoi??); les autres sont de la forme $x + kpq$, où $k$ est un entier quelconque.
660 \item Résoudre le système de congruences
661 $$\left\{\begin{array}{ccc}
662 x & \equiv & 2\ [88] \\
663 x & \equiv & 1\ [27] \\
665 \item {\it Application: Problème du cuisinier}: Une bande de 17 pirates s'est emparée d'un butin composé de pièces d'or, toutes d'égale valeur.
667 Ils décident de se les partager également et de donner le reste éventuel au cuisinier. Celui-ci recevrait alors 3 pièces d'or.
669 Malheureusement, une querelle éclate, au cours de laquelle 6 pirates sont tués. Le cuisinier recevrait alors 4 pièces d'or.
671 Dans un naufrage ultérieur, seuls le butin, 6 pirates et le cuisinier sont sauvés. Le partage laisserait alors 5 pièces à ce dernier.
673 Quel est le plus petit nombre de pièces d'or qu'il espère lorsqu'il décide d'empoisonner les derniers pirates?
679 Résolvez modulo 18 les équations suivantes :
688 \noindent Réponses : \{8,17\}, \{ \} et \{15\}.
692 Si $m$ est un entier naturel plus grand que 2, quel est l'inverse de $m-1$ modulo $m$ ?
695 \noindent Réponse : $m-1$.
699 Un nombre \og pseudo-premier de base $b$ \fg{}\index{pseudo-premier} est un entier naturel non premier $p$ tel que $(b^p-b) mod p = 0$.
701 Vérifier que 561 est pseudo-premier de base 3 et que 341 est pseudo-premier de base 2.
705 \subsection{Division \og entière\fg{} informatique et division euclidienne}
708 La plupart des langages de programmation utilisés en informatique disposent d'un type de données pour représenter ce que les informaticiens appellent les entiers signés (les entiers relatifs) et possèdent des opérateurs pour effectuer les calculs classiques sur ces nombres.\\
711 En C ou java, par exemple, le symbole $/$ représente le quotient dans la \og division entière\fg{} et le symbole $\%$ représente ce que les informaticiens appellent improprement le modulo (le reste dans leur \og division entière\fg{} ).\\
714 Pour des raisons pratiques de réalisation des micro-circuits des processeurs qui réalisent ces opérations, la \og division entière\fg{} ne donne pas exactement le même résultat que la division euclidienne.\\
718 Considérons par exemple les 4 cas possibles de division euclidienne de $a$ par $b$ lorsque $|a|=29$ et $|b|=7$ (en n'oubliant pas que le reste d'une division euclidienne ne peut être que positif)
723 \begin{tabular}{|c|c|c|c|c|c|c|}
725 $a$ & $b$ & division euclidienne & $q$ & $r$ & $a/b$ & $a\%b$ \\ \hline
726 $29$ &$7$ & $29=4\times 7+1$ & $4$ & $1$ & $4$ & $1$ \\ \hline
727 $29$ &$-7$ & $29=(-4)\times (-7)+1$ & $-4$ & $1$ & $-4$ & $1$ \\ \hline
728 $-29$ &$7$ & $-29=(-5)\times 7+6$ & $-5$ & $6$ & $-4$ & $-1$ \\ \hline
729 $-29$ &$-7$ & $-29=5\times (-7)+6$ & $5$ & $6$ & $4$ & $-1$ \\ \hline
735 Autrement dit, mathématiquement, le quotient est positif lorsque les deux nombres ont le même signe et le reste est toujours positif, et, pour que le reste soit toujours positif, le quotient peut ne pas être le quotient des valeurs absolues.\\
738 Informatiquement, le \og quotient\fg{} est positif lorsque les nombres ont le même signe, le \og reste\fg{} a le signe du dividende, et la valeur absolue du \og quotient\fg{} est toujours le quotient des valeurs absolues.\\
741 Dans les applications de calcul arithmétique, par exemple un calcul de PGCD, ce n'est pas gênant parce que les restes \og informatiques\fg{} sont congrus aux restes mathématiques modulo la valeur absolue du
742 diviseur, et qu'il ne s'agit alors que du choix d'un représentant de la classe concernée (addition et multiplication étant compatibles avec la congruence modulo $n$).\\
744 Mais il faut quand même savoir que l'on peut obtenir un \og reste\fg{} négatif et prendre ses dispositions le cas échéant...
747 \subsection{Arithmétique modulo $2^n$ dans les ordinateurs}
749 \subsubsection{Présentation générale}
751 Les calculs sur les entiers, dans un ordinateur, se font dans $\Z/2^n\Z$, où $n$ est le nombre de bits utilisés dans la représentation de ces nombres.\\
754 Dans la plupart des microprocesseurs, les entiers sont représentés sur 32 bits, les calculs se font donc dans $\Z/2^{32}\Z$ (et qu'ils le soient sur 64 bits ne change rien au problème).\\
757 Disposer d'entiers signés ou d'entiers non signés est uniquement une question de choix du représentant dans les classes d'équivalence, mais
758 la représentation physique est la même.\\
761 Comme il nous est difficile de représenter ici la liste compléte de tous ces entiers, nous allons illustrer ce propos en supposant que les entiers sont représentés sur 4 bits.\\
763 \subsubsection{Illustration dans le cas de 4 bits.}
765 Pour des mots de 4 bits, il y a alors 16 entiers représentables : (a.s.= arithmétique signée, a.n.s. = arithmétique non signée)\vskip 10pt
766 \begin{center}\begin{tabular}{|c|c|c|c|} \hline
767 code binaire & & a.s. & a.n.s. \\ \hline
768 0000 & interprété par & 0 & 0 \\ \hline
769 0001 & interprété par & 1 & 1 \\ \hline
770 0010 & interprété par & 2 & 2 \\ \hline
771 0011 & interprété par & 3 & 3 \\ \hline
772 0100 & interprété par & 4 & 4 \\ \hline
773 0101 & interprété par & 5 & 5 \\ \hline
774 0110 & interprété par & 6 & 6 \\ \hline
775 0111 & interprété par & 7 & 7 \\ \hline
776 1000 & interprété par & 8 & -8 \\ \hline
777 1001 & interprété par & 9 & -7 \\ \hline
778 1010 & interprété par & 10 & -6 \\ \hline
779 1011 & interprété par & 11 & -5 \\ \hline
780 1100 & interprété par & 12 & -4 \\ \hline
781 1101 & interprété par & 13 & -3 \\ \hline
782 1110 & interprété par & 14 & -2 \\ \hline
783 1111 & interprété par & 15 & -1 \\ \hline
784 \end{tabular}\end{center}\vskip 10pt
787 Pourquoi ce choix ? Pourquoi ne pas avoir, en a.s., représenté les entiers dans l'ordre croissant de 0000 (-8) à 1111 (7)?\\
790 \item Tout simplement pour des raisons d'efficacité : 0 doit toujours être représenté par le code \og nul\fg{} 0000.
791 \item Ensuite, il faut pouvoir comparer efficacement ces codes entre eux, ce qui explique que 0 doit être suivi de 1, arithmétique signée ou pas.
796 Ces principes ont ainsi conduit à placer les codes interprétés comme entiers négatifs après ceux qui représentent les entiers positifs.\\
799 Par ailleurs, on s'aperçoit que, de cette manière, les codes des entiers
800 négatifs commencent tous par 1.
801 On parle improprement de \og bit de signe\fg{}\index{bit de signe}: s'il s'agissait d'un véritable bit de signe, le code 1001 devrait être celui de -1, or c'est celui de -7.
802 Mais il n'en reste pas moins que tous les entiers négatifs commencent par 1).\\
805 Ainsi, il est facile de déduire la comparaison signée de la comparaison non signée : les codes qui commencent par 1 sont \og plus petits\fg{} que ceux qui commencent par 0, et, s'ils commencent par le même bit, c'est la comparaison non signée qui peut être utilisée.\\
808 Mais il y a quand même deux instructions assembleur distinctes pour la comparaison signée et pour la comparaison non signée.
812 \subsubsection{Quelques exemples de calculs.}
814 Pour l'addition et la soustraction, les opérations et les tests de validité des résultats sont les mêmes en arithmétique signée et non signée.\\
816 \noindent Pour la multiplication, l'instruction assembleur n'est pas la même (le dépassement de capacité doit être ignoré en a.s. dans le dernier exemple).
820 Premiers résultats, corrects :
823 \begin{tabular}{r | r | r}
824 Opération binaire & Entiers non signés & Entiers signés \\
827 \underline{+ 1001} & \underline{+ 9} & \underline{+(-7)} \\
835 Un résultat correct en arithmétique non \break signée, et négatif en arithmétique signée, mais correct modulo 16 (-6 et 10 sont dans la même classe, mais cette classe est représentée par 10 en a.n.s. et par -6 en a.s.) :
837 \begin{tabular}{r | r | r}
838 Opération binaire & Entiers non signés & Entiers signés \\
841 \underline{+ 0110} & \underline{+ 6} & \underline{+ 6} \\
849 Un dépassement de capacité dans les deux cas, mais le résultat est correct modulo 16 : les classes de 21, de -11 et de 5 sont les mêmes :
851 \begin{tabular}{r | r | r}
852 Opération binaire & Entiers non signés & Entiers signés \\
855 \underline{+ 1001} & \underline{+ 9} & \underline{+(-7)} \\
859 Le résultat (correct modulo 16) est disponible dans tous les cas, les \og dépassement de capacité\fg{} et \og résultat négatif\fg{} sont signalés par le positionnement d'un bit dans un registre spécial.
866 Un résultat correct en a.n.s., résultat négatif en a.s., mais correct modulo 16 :
868 \begin{tabular}{r | r | r}
869 Opération binaire & Entiers non signés & Entiers signés \\
872 \underline{$\times$ 0010} & \underline{$\times$ 2} &
873 \underline{$\times$ 2} \\ 1010 & 10 & (-6) \\
880 Dépassement de capacité dans les deux cas, résultat négatif en a.s., mais résultat correct modulo 16, compte tenu du choix des représentants dans les deux arithmétiques:
882 \begin{tabular}{r | r | r}
883 Opération binaire & Entiers non signés & Entiers signés \\
886 \sou{$\times$ 0110} & \sou{$\times$ 6} & \sou{$\times$ 6} \\
887 (1)1110 & 14 & (-2) \\
896 Dépassement de capacité dans les deux cas, résultat correct en a.s., correct modulo 16 en a.n.s.
898 \begin{tabular}{r | r | r}
899 Opération binaire & Entiers non signés & Entiers signés \\
902 \sou{$\times$ 1110} & \sou{$\times$ 14} & \sou{$\times$
903 (-2)} \\ (1011)0110 & 6 & 6 \\
911 \section{Algorithmes d'Euclide et applications}
913 \subsection{PGCD de deux entiers}
915 On a vu plus haut la justification de l'existence du PGCD de deux nombres strictement positifs par comparaison de leurs décompositions en facteurs premiers.\\
918 Par définition, le PGCD de $a$ non nul avec 0 est $a$ (défintion raisonnable, car 0 est divisible par tout entier non nul, donc par $a$, qui l'est aussi par $a$) et enfin le PGCD de 0 et de 0 n'est pas
922 Il est possible de considérer des nombres négatifs (bien que ce soit sans grand intérêt dans les applications pratiques), mais le PGCD est celui des valeurs absolues.\\
924 L'algorithme consistant à comparer les décompositions en facteurs premiers n'est pas efficace, la découverte de diviseurs de nombres très grands est un problème difficile dont nous reparlerons plus loin.
927 \subsection{Algorithme d'Euclide}
929 \subsubsection{Algorithme}
930 \index{algorithme!d'Euclide}
931 On se limite ici au cas de deux entiers $a$ et $b$ strictement positifs. \\
933 \noindent Supposons par exemple $a>b$...
936 \item La division euclidienne de $a$ par $b$ peut s'écrire $a=bq+r$ avec $0\infeg r<b$.
938 \item Soit $d$ un diviseur commun à $a$ et $b$, qui peuvent alors s'écrire $a=da'$ et $b=db'$.
940 \item L'égalité $a=bq+r$ devient $da'=db'q+r$ ou encore $r=d(a'-b'q)$, donc $d$ est aussi un diviseur commun à $b$ et $r$.
942 \item Réciproquement, soit $d$ un diviseur commun à $b$ et $r$, qui peuvent alors s'écrire $b=db'$ et $r=dr'$ et l'égalité $a=bq+r$ devient $a=d(b'q+r')$.
944 Donc $d$ est un diviseur commun à $a$ et $b$, et, par inclusion réciproque, les ensembles des diviseurs communs à $a$ et $b$ d'une part et à $b$ et $r$ d'autre part sont identiques.
946 En particulier $a\et b=b\et r$.
948 \item Si $r=0$, le $a\et b=b$, sinon on peut effectuer la division euclidienne de $b$ par $r$, qui donne un reste $r_{1}$, tel que $r_{1}<r$ et $b\et r=r\et r_{1}$.
950 \item Cet algorithme est itéré jusqu'à l'obtention d'un reste nul, ce qui se produit obligatoirement puisqu'il s'agit d'entiers et que la suite des restes ainsi construite est strictement décroissante.
952 \item Le PGCD est alors l'avant-dernier reste (le dernier non nul).
957 Cet algorithme permet donc d'obtenir le PGCD de deux nombres sans connaître leurs décompositions en facteurs premiers.
960 \subsubsection{Programmation}
962 Voici sa programmation itérative en C :
966 {\prol int pgcd ( int a , int b ) \{
979 \noindent (en toute rigueur, il faudrait vérifier que $a$ et $b$ sont bien positifs; par ailleurs, cette fonction retourne 0 comme PGCD de 0 et de 0 : à vérifier avant l'appel).
983 Voici sa programmation récursive :
987 {\prol int pgcd ( int a , int b ) \{
992 {\dec return pgcd ( b , a \% b ) ;}
997 \subsection{Théorème de Bézout}
1000 On considère deux nombres entiers strictement positifs $a$ et $b$.
1002 \begin{Th}[Théorème de Bézout]
1003 \index{théorème!de Bézout}
1004 Il existe un couple d'entiers $u$ et $v$ tels que $au-bv=d$, où $d$ est le PGCD de $a$ et de $b$.
1008 On peut se ramener au cas où $a \et b=1$.
1010 En effet, si $d>1$, on peut écrire $a=a'd$ et $b=b'd$ avec $a' \et b'=1$; si le théorème est établi dans le cas du PGCD égal à $1$, on peut affirmer l'existence de $u$ et de $v$ tels que $a'u-b'v=1$; en multipliant les deux membres de cette égalité par $d$, on obtient $a'du-b'dv=d$,
1013 Il suffit donc d'établir le théorème dans le cas où $d=1$ ($a$ et $b$ premiers entre eux). Plaçons nous dans $(\Z/b\Z)^*$ et considérons l'application de cet ensemble dans lui-même définie par $x \fc ax$. Essayons de résoudre $ax=ax'$, soit $a(x-x')=0$, soit encore $a(x-x') \equiv 0[b]$, ou finalement $a(x-x')=kb$, avec $k \in \Z$.
1015 Comme $a\et b=1$, $a$ ne divise pas $b$, donc divise $k$; on peut écrire $k=k'a$, il reste $x-x'=k'b$, donc $x \equiv x'[b]$, donc $x=x'$; finalement $ax=ax' \Imp x=x'$, donc l'application envisagée est injective; comme il s'agit d'un ensemble fini, elle est évidemment aussi surjective, donc il existe $u$ tel que $au=1$, ce qui s'écrit encore $au \equiv 1[b]$, ou encore $au=bv+1$, finalement $au-bv=1$.
1021 Ce couple n'est pas unique.
1023 En effet, si $(u,v)$ est un couple de Bézout pour $(a,b)$, donc tel que $au-bv=d$, où $d=a\et b$, alors, pout tout $k$ dans $\Z$, $a(u+kb)-b(v+ka)= au-bv+kab-kab=au-bv=d$ aussi.
1030 Montrez que, si $m$ est multiple de deux nombres premiers entre eux $a$ et $b$, alors $m$ est multiple de $ab$.
1033 \noindent Réponse : $1 = aa'+bb'$, donc $m = maa'+mbb'$. Or $m=ax=by$, donc $m = ab(ya'+xb')$.
1038 Montrez que, si on divise deux entiers naturels $a$ et $b$ par leur pgcd, alors les quotients obtenus sont premiers entre eux.
1040 Réciproquement, montrer que, si les quotients obtenus en divisant $a$ et $b$ par un diviseur commun $d$ sont premiers entre eux, alors $d=pgcd(a,b)$.
1043 \noindent Réponse : Soit $d = pgcd(a,b)$, et $q_1$ et $q_2$ les quotients de $a$ et $b$ par $d$. Alors $d = aa'+bb' = d q_1 a' + d q_2 b'$. Donc $1 = q_1 a' + q_2 b'$ : $q_1$ et $q_2$ sont premiers entre eux. La réciproque est du même genre.
1047 \subsection{Algorithme d'Euclide généralisé}
1049 \subsubsection{Idée de base.}
1051 Pour deux entiers positifs $a$ et $b$, on a vu que l'algorithme d'Euclide s'écrit : $a \et b = b \et r$, où $r$ est le reste dans la division euclidienne de $a$ par $b$.\\
1054 En supposant $a>b$, si on pose $a=r_0$ et $b=r_1$, on définit une famille finie $(r_0,r_1,\ldots,r_k,r_{k+1})$ par $r_i=q_{i+1}r_{i+1}+r_{i+2}$ (c'est-à-dire que $r_{i+2}$ est le reste dans la division euclidienne de $r_i$ par $r_{i+1}$).\\
1057 \noindent Cette famille...
1059 \item est strictement décroissante,
1060 \item est telle que $r_{k+1}=0$,
1061 \item vérifie $r_0 \et r_1 = r_1 \et r_2= \ldots = r_{k-1} \et r_k = r_k \et r_{k+1} = r_k \et 0 = r_k$.
1066 On remarque que $r_{k-1}$ est un multiple de $r_k$, puisque la division euclidienne de $r_{k-1}$ par $r_k$ s'écrit $r_{k-1}=q_kr_k$.\\
1068 Soit $d$ le PGCD de $a$ et de $b$ (évidemment, $d=r_k$), on peut écrire $1 \times r_k-0 \times r_{k-1} = d$ puis $1 \times r_{k-2} - q_{k-1} \times r_{k-1}=d$.\\
1071 D'une manière générale, si $(u,v)$ est un couple de Bézout pour $r_{i+1}$ et $r_{i+2}$, soit $u \cdot r_{i+1}+v \cdot r_{i+2}=d$, comme $r_i=q_{i+1}\cdot r_{i+1} + r_{i+2}$, on a $u\cdot r_{i+1}+v \cdot (r_i-q_{i+1}\cdot r_{i+1})=d$, soit $(u-q_{i+1}\cdot v)\cdot r_{i+1}+v \cdot r_i=d$.\\
1073 \subsubsection{L'algorithme.}
1074 \index{algorithme!d'Euclide!généralisé}
1075 Ceci donne l'idée de construire deux familles par les relations :
1077 \item $u_0=1$, $u_1=0$,$u_{i+2}=u_i-q_{i+1} \cdot u_{i+1}$
1078 \item $v_0=0$, $v_1=1$, $v_{i+2}=v_i-q_{i+1} \cdot v_{i+1}$.
1081 C'est ce que l'on appelle algorithme d'Euclide généralisé. On a alors $(u_k,v_k,r_k)=(u,v,d)$, $u$ et $v$ tels que $a \cdot u+b \cdot v=d$.\\
1084 Pour cela, il suffit de montrer par récurrence que $\qqs i \in
1085 \{0,\ldots,k\}, r_0 \cdot u_i + r_1 \cdot v_i = r_i$.
1087 \item Initialisation de la récurrence : la relation est vraie pour $i=0$, en effet $r_0 \cdot u_0+r_1 \cdot v_0=r_0$, puisque $u_0=1$ et $v_0=0$.
1088 \item Caractère héréditaire de la propriété : en supposant que $i$ est un entier pour lequel $r_0 \cdot u_i + r_1 \cdot v_i =
1089 r_i$ et $r_0 \cdot u_{i+1}+r_1 \cdot v_{i+1}=r_{i+1}$, calculons $r_0 \cdot u_{i+2}+r_1 \cdot v_{i+2}= r_0 \cdot (u_i-q_{i+1} \cdot u_{i+1}) + r_1 \cdot (v_i-q_{i+1} \cdot v_{i+1}) = r_0 \cdot
1090 u_i+r_1 \cdot v_i-q_{i+1}\cdot (r_0 \cdot u_{i+1}+r_1 \cdot
1091 v_{i+1})=r_i-q_{i+1}\cdot r_{i+1}=r_{i+2}$.
1096 \subsubsection{Exemple.}
1098 Illustrons la mise en \oe{}uvre de cet algorithme...
1101 Soit à obtenir un couple de Bézout pour (23,17) :\vskip 10pt
1102 \begin{center}\begin{tabular}{c c c c}
1103 (23,1,0) & (17,0,1) & $\longrightarrow$ & $q=1$ \\
1104 (17,0,1) & (6,1,-1) & $\longrightarrow$ & $q=2$ \\
1105 (6,1,-1) & (5,-2,3) & $\longrightarrow$ & $q=1$ \\
1106 (5,-2,3) & (1,3,-4) & $\longrightarrow$ & $q=5$ \\
1107 (1,3,-4) & (0,-17,23) & $\longrightarrow$ & FIN
1108 \end{tabular}\end{center}\vskip 10pt
1109 On a bien $3 \times 23-4 \times 17=1$.\psaut
1113 Il est possible d'obtenir -1 (ou $-d$ en général) comme résultat, donc $au-bv=-1$, cela dépend de la parité du nombre d'itérations effectuées dans l'algorithme précédent.
1115 Ce n'est pas un résultat faux, puisqu'alors $bv-au=1$ et qu'on a quand même un couple de Bézout pour $(b,a)$.\\
1117 S'il est nécessaire d'obtenir un couple $(u,v)$ tel que $au-bv=1$
1118 et où $a$ et $b$ figurent dans cet ordre, et que l'algorithme a fourni un couple $(u',v')$ tel que $bv'-au'=1$, il suffit de prendre $u=b-u'$ et $v=a-v'$ et, dans ces conditions $au-bv=a(b-u')-b(a-v')= ab -au' -ab +bv'=bv'-au'=1$.
1122 Exprimer $pgcd(1330,602)$ comme combinaison à coefficients entiers des nombres 1330 et 602.
1125 \noindent Réponse $14 = 1330*(-19)+602*42$.
1130 \centerline{\x{Fin du Chapitre}}